De là provient, à la suite du renouvellement du spinosisme et du panthéisme en nos jours, ce profond abaissement de la morale ; de là ce plat réalisme qui a conduit à en faire un manuel de la vie régulière dans l’État et dans la famille, et à placer dans un philistinisme parfait, méthodique, tout occupé de ses jouissances et de son bien-être, la fin dernière de l’existence humaine. » Le quatrième livre du Monde comme volonté et comme représentation est plein de semblables passages, dont la signification n’est pas douteuse, et que nous recommandons aux lecteurs, comme aussi les Appendices qui le complètent ou qui l’éclaircissent… Mais il semble malheureusement que, pour parler chez nous de Schopenhauer, on ait en général commencé par négliger de le lire ; à moins encore que l’on n’en ait lu précisément que ce que l’on pouvait se passer d’en lire, pour n’en point lire ce qui contient l’expression de sa véritable pensée : la Théorie de la négation du vouloir vivre, par exemple ; ou l’Ordre de la Grâce ; ou son Épiphilosophie. […] et enfin et surtout, à la suite de quelques « névropathes », n’est-ce pas lancer leurs imitateurs dans une voie dangereuse et l’art lui-même sur la pente au bout de laquelle nous l’avons vu tomber du réalisme dans le naturalisme, du naturalisme dans le symbolisme, du symbolisme dans le décadentisme, et du décadentisme dans… « la privation de la vie, où l’aura conduit sa folie » ?
Dans le tour d’esprit et dans la façon de conduire sa pensée, il a des habitudes un peu différentes de celles qui sont le plus répandues chez nous. […] Ce travail d’esprit le conduisait à concevoir une sorte de roman dégagé de ce qu’il en appelait les scories, terme qui de tout temps a désigné les beautés qui ont cessé de plaire. […] Ils s’effraient parce qu’ils n’entendent plus la voix du prêtre qui les a conduits jusqu’à cet endroit.