Ces jours-là, on se lit les ouvrages nouveaux, on les joue, on joue la comédie, la tragédie, la farce, et jusqu’aux marionnettes ; Voltaire donne la lanterne magique. Quand on s’y met une fois, ce n’est pas pour peu : « Nous avons compté hier au soir, écrit Mme de Graffigny, que, dans les vingt-quatre heures, nous avons répété et joué trente-trois actes, tant tragédies, opéras, que comédies. » C’étaient des excès après un carême : « C’est le diable, oui le diable, que la vie que nous menons. » Dans ces grands jours et durant ces semaines dramatiques et féeriques, Voltaire est à l’état de pur génie. […] Mme de Graffigny vivait donc à Paris, avec un certain état de maison, moyennant de petites pensions des cours de Lorraine et de Vienne et d’assez grosses dettes, quand la chute de La Fille d’Aristide, comédie en cinq actes sur laquelle elle comptait fort, vint lui porter un coup fâcheux : « Elle me la lut, dit Voisenon ; je la trouvai mauvaise ; elle me trouva méchant.
Avec ce calcul voici Tartufe personnage de transition entre le drame et la comédie. […] On a indiqué déjà, à l’occasion de Mme Bovary elle-même, que la comédie fait place au drame sitôt que le phénomène a pour théâtre l’âme d’un personnage pourvu d’une énergie violente. […] Aux prises avec ces réalités positives son inaptitude, sa faiblesse, son inexpérience causent sa ruine : l’intervalle où le personnage de comédie trébuchait lisiblement se creuse pour lui en un abîme où il se brise.