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868. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Tout ce qui part de sa plume, mais particulièrement de son cœur, a un caractère qui frappe et qui plaît tout ensemble. […] Saint Paulin, après sa conversion, sollicité par Ausone, son maître, de revenir aux muses, répondait qu’un cœur une fois voué au Christ ne se rouvrait plus à Apollon : Nec patent Apollini dicata Christo pectora. […] Arnauld était mort à Bruxelles le 8 août 1694 ; son cœur, selon le vœu des religieuses de Port-Royal des Champs, fut rapporté parmi elles. […] Les derniers vers surtout étaient bien ; il y disait que ce cœur, qui revenait porté sur les ailes de l’amour divin, n’avait jamais été absent en réalité de ces lieux chéris : Huc coeleslis amor rapidis cor transtulit alis, Cor nunquam avulsum, nec amatis sedibus absens. […] Son cœur saignait, sa tête se troublait.

869. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Ils avaient fait ce quon appelait sous l’Empire de bonnes études ; ils étaient gens du monde, quelques-uns militaires, pressés d’ailleurs de produire, et dignes de se perfectionner par l’étude sans en avoir les loisirs ni les instruments ; mais ils avaient une certain flamme au cœur et une ardeur d’idéal qui ne s’est pas encore éteinte chez tous, et qui fait l’honneur de ces générations rapides dont les individus isolés se survivent ; il y avait eu je ne sais quel astre ou quel météore qui les avait touchés en naissant. […] Il a à cœur d’illustrer, de promouvoir notre langue, et de montrer aux étrangers qu’elle devancerait la leur, si ces beaux diseurs médisants, qui s’attaquent déjà à lui et qui combattent proprement des ombres (il les appelle d’un mot grec effrayant, Sciamaches), voulaient aussi bien s’appliquer à la défendre et à la propager. […] Se percer, se piquer, se navrer, se tuer, Et parmi les assauts forcenant pêle-mêle Tomber mortes du ciel aussi menu que grêle, Portant un gentil cœur dedans un petit corps : Il verse parmi l’air un peu de poudre ; et lors Retenant des deux camps la fureur à son aise. […] […] Quand vous serez ensemble bien unies L’Amour, la Foi, deux belles compagnies, Viendront ça bas le cœur nous échauffer : Puis sans harnois, sans armes et sans fer, Et sans le dos d’un corselet vous ceindre. […] Cet esprit gaillard et ce cœur généreux (c’est ainsi qu’il se qualifie avec raison) n’a pas su assez dégager la poésie de la fougue même du tempérament ; sa santé s’est fatiguée avant qu’il ait régulièrement mûri ; il n’a pas eu deux jeunesses.

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