Il y a de lui une vingtaine de traits qu’on sait par cœur : cela suffit pour s’épargner la peine d’examiner le reste. […] Ayant chanté ses premières amours d’enfant dans des poésies délicates et subtiles, il se dit que ce n’était point assez et qu’il fallait élever à la beauté et à la reine de son cœur un monument dont il fût à jamais parlé : La Divine Comédie naquit dans sa pensée, et il mit des années à la construire, à la creuser, à l’exhausser dans tous les sens, à y faire entrer tout ce qui pouvait la vivifier ou l’orner aux yeux de ses contemporains, afin de faire plus visible et plus brillant le trône d’où il voulait présenter Béatrix au monde. […] Ce sont là des scènes incomparables de pureté, d’émotion, et qui repoussent bien loin toutes les explications allégoriques qu’on a voulu en donner : leur commentaire est à jamais écrit dans tous les cœurs délicats et sensibles.
Dans cette quantité d’embarquements, la plupart se font par point d’honneur ou par raison plutôt que par inclination, et de tête bien plus que de cœur. […] Il y avait là, convenons-en, de quoi faire, enrager un gentilhomme de bonne race et lui faire manger son cœur ; et c’est en effet à quoi Bussy passa le reste de sa vie. […] Il redit ce qu’on disait, il enregistre les propos courants ; il ne ment pas, mais il médit avec délices et s’en donne à cœur joie.