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344. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VII : Instinct »

Les changements d’instincts peuvent être surtout rendus faciles, lorsque les mêmes espèces ont des instincts très différents à différentes époques de la vie, selon les saisons de l’année, ou lorsqu’elles se trouvent placées en des circonstances différentes. […] On pourrait de même citer plusieurs habitudes extraordinaires qui se manifestent seulement chez quelques représentants d’une espèce, et qui, dans le cas où elles leur seraient avantageuses en telles circonstances données, pourraient donner naissance par sélection naturelle à des instincts entièrement différents de ceux de la souche mère. […] Si l’oiseau adulte a tiré quelque avantage de cette circonstance, ou si les jeunes oisillons abandonnés sont devenus plus vigoureux en profitant ainsi des méprises de l’instinct chez une mère adoptive, qu’en demeurant aux soins de leur propre mère, gênée, comme elle ne pouvait guère manquer de l’être, entre ses œufs et ses oisillons de différents âges qu’il lui fallait à la fois couver et nourrir, et de plus, pressée qu’elle était d’émigrer à une époque hâtive et bien avant la saison froide, on conçoit qu’un fait d’abord accidentel ait pu devenir peu à peu une habitude avantageuse à l’espèce. […] De ce que des Abeilles ont commencé à creuser des bassins sphériques dans une couche de cire artificielle, il n’en résulte pas rigoureusement qu’en construisant leurs hexagones, elles aient l’intention de décrire des sphères, parce que le changement des circonstances peut altérer leurs instincts. […] Darwin, que, selon les circonstances, les Abeilles bâtissent surtout en creusant un mur de cire, préalablement construit, et d’autres fois en construisant tout d’abord, à peu près dans leurs positions respectives, des cloisons plus ou moins épaisses, qu’elles n’ont plus qu’à ronger pour les réduire à leurs justes proportions.

345. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Avant la tombée de la nuit, cette chambre, plus qu’encombrée pendant toute la journée, avait été abandonnée aux serviteurs de la tombe, et, lorsque j’y entrai le soir, je trouvai ce même fauteuil, d’où le prince avait si souvent lancé en ma présence une plaisanterie courtoise ou une piquante épigramme, occupé par un prêtre loué pour la circonstance et marmottant des prières pour le repos de l’âme qui venait de s’envoler. » Les propos de chacun en sortant étaient curieux à noter. […] Il mérita par son attitude en cette circonstance que M.  […] Claretie, qui cherchait, dans ces passages de lettres de Talleyrand, des circonstances atténuantes en faveur de celui qui les avait écrites : « (Ce 7 avril 1869.) — Mon cher ami, je vous remercie de votre aimable témoignage d’attention. […] Ce sont les circonstances atténuantes, naïvement exposées et déduites : « Il dépensait beaucoup ; sa main était libéralement ouverte pour ses anciens amis ; sa maison princière était peu tenue, et sa fortune particulière très peu considérable.

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