Un astronome, promenant au hasard son télescope sur le ciel et tombant sur un astre inconnu jusqu’à présent, est actif ; et pourtant il a seulement observé, il n’a pas expérimenté.
L’érudition contemporaine et la littérature française du moyen âge1 Le moyen âge appartient aux érudits : ils en ont fait leur chose, leur domaine, leur fief, et depuis tantôt un siècle ils règnent — mais ils règnent souverainement — sur huit ou neuf cents ans de littérature et d’histoire. Nul ne contestera qu’ils aient exercé l’empire au plus grand profit de l’histoire. Inférieurs que nous sommes par beaucoup de côtés sans doute aux hommes du xviie siècle et peut-être aux hommes du xviiie , nous avons cependant sur eux un avantage. Nous avons appris un art qu’ils ignoraient ou du moins qu’ils ne pratiquaient guère : l’art de vivre dans le lointain des temps, et, par la sympathie de l’imagination, de nous faire les contemporains des civilisations disparues ; art dangereux, qui mène promptement à l’indifférence critique, au scepticisme moral ; art mortel aux convictions fortes ; art d’ailleurs et heureusement difficile, légitime toutefois dans une certaine mesure, puisqu’enfin nous lui devons quelques-unes des plus belles œuvres de ce siècle. Si cet art a vraiment renouvelé l’histoire, — et il l’a renouvelée, — ce serait une criante injustice que de disputer aux érudits leur part, et leur part considérable, dans ce travail de renouvellement et de transformation.