Où est-elle dans votre tableau de la cité marchande, la déesse aux grands yeux qui eût fait briller dans le ciel d’airain la lumière d’une civilisation plus douce ? […] « Diogène, les voyant en telle ferveur ménage-remuer, et n’étant par les magistrats employé à chose aucune faire, contempla quelques jours leur contenance sans mot dire ; puis, comme excité d’esprit martial, ceignit son manteau en écharpe, retroussa ses manches jusqu’au coude, roula vers une colline voisine le tonneau qui pour maison lui était contre les injures du ciel, et, en grande véhémence d’esprit, déployant ses bras, le tournait, le retournait, le brouillait, le barbouillait, le renversait, le battait, le culbutait, le détraquait, le tripotait, le lançait, le clouait, l’entravait, le tracassait, le ramassait, le cabossait, le goudronnait, le terrassait, l’enharnachait, l’empanachait, le caparaçonnait, le faisait rouler, le précipitait du haut en bas, de bas en haut le rapportait, comme Sisyphe fait sa pierre, tant que peu s’en fallut qu’il ne le défonçât !
On sait qu’à ceux qui lui demandaient ce qu’il avait fait durant ces mois terribles de la Terreur, il répondait : « J’ai vécu. » Je lis dans une page de lui une traduction indirecte, plus expressive et plus émue, de la même pensée : Maucroix, dit-il par une sorte d’allusion à cette situation menacée et précaire, et où nul ne pouvait se promettre un lendemain ; Maucroix, mort en 1708, fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans ces vers charmants : Chaque jour est un bien que du ciel je reçois ; Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne : Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi, Et celui de demain n’appartient à personne. […] les causes dans le ciel.