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2124. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Il eût dit de deux édifices publics dont on lui aurait présenté les modèles : « Voilà le plus beau, mais ce n’est pas celui qu’ils choisiront… » Il eût dit d’un de ses ministres : « Il faudra bien qu’il succombe : il n’y a que moi qui le soutienne…  » Faible, mais sensé, s’il eût opiné dans son conseil, il eût dit : « Mon avis est le meilleur ; ils ne l’ont pas suivi, je crois qu’ils s’en repentiront… » Il disait au sénat : « Cette femme que je produis en témoignage a été l’affranchie et la femme de chambre de ma mère ; elle m’a toujours regardé comme son maître. […] On prétend qu’ils ne furent l’un et l’autre que subrogés aux consuls ordinaires : mais qu’importe ce fait à la gloire de Sénèque, plus honoré dans la mémoire des hommes par une page choisie de ses ouvrages, que par l’exercice des premières dignités de l’Empire, surtout sous un Tibère, un Caligula, un Claude, un Néron ; dans un temps et dans une cour où les grandes places confondant les honnêtes gens avec les fripons, les noms les plus distingués avec la vile populace, les ineptes et les gens instruits, il y avait moins de courage à les dédaigner qu’à les accepter ; et où ce que l’on pouvait s’en promettre de plus avantageux dépendait de quelque circonstance qui vous en délivrât par un exil honorable ou par une mort glorieuse ? […] S’il y a de quoi s’étonner, ce n’est pas qu’ils aient accepté la commission que César leur a donnée, c’est qu’entre tant de scélérats qui l’environnaient, qui connaissaient les désirs de son âme sanguinaire, et qui n’auraient pas mieux demandé que de le servir à son gré, il ait choisi deux personnages intègres que le souvenir de bienfaits reçus ne pouvait manquer d’incliner à l’indulgence.

2125. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

mon Dieu, la France serait peut-être sous le règne d’un Bourbon imbécile, d’un descendant d’une vieille race monarchique complètement usée, mais ce gouvernement serait-il si différent de celui d’un Carnot, choisi de l’aveu de tous, pour le néant de sa personnalité.

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