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535. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Mme d’Houdetot passa à la campagne le temps même de la Terreur ; sa retraite fut respectée ; ses parents s’y pressaient autour d’elle, et il se pourrait bien (écrit Mme de Rémusat dans un charmant portrait de sa vieille amie) qu’elle n’eût gardé de ces jours affreux que le souvenir des obligations plus douces et des relations plus affectueuses qu’ils lui valurent. […] Un autre jour, c’est la fête de Claire ; puis les airs royalistes ne font pas défaut, Charmante Gabrielle ! […] Dans la première idée, ce roman ne devait probablement analyser et poursuivre que l’embarras amoureux d’un jeune Espagnol, don Alphonse d’Alovera, placé entre deux jeunes filles charmantes, mais dont il aime l’une, tandis que son ambition lui conseillerait de préférer l’autre. […] Mme Récamier s’empressa de m’en faire part : la vérité pour cette charmante femme n’était jamais que celle que désiraient ses amis.

536. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

D’abord le récit de l’enlèvement de Junie, « La peinture de cet attentat a fourni au poète des vers d’un coloris charmant et romantique45. » Je relis le morceau et j’y cherche ce romantisme. […] Il déclare à trois ou quatre reprises que la pièce est « très faible » parce qu’elle manque d’action ; mais il l’appelle d’autre part « une charmante tragi-comédie »48, y trouve « sensibilité, éloquence familière et poétique, grâce pénétrante49 » et dit qu’elle est « bien étonnante et filée avec un art infini50 » Comment une pièce peut-elle être à la fois si faible et si charmante ? […] Assuérus est un roi d’Orient, aussi polygame qu’on le puisse être ; ses eunuques lui recrutent partout de belles filles, et, quand elles ont mariné six mois dans la myrrhe et six autres mois dans les aromates, on les introduit chez le roi… Or c’est là la matière du charmant et chaste récit du premier acte  Esther est une Juive féroce qui se venge en faisant massacrer soixante-quinze mille Persans : Racine l’a transformée en colombe gémissante, et ce vers d’Assuérus passe inaperçu : Je leur livre le sang de tous leurs ennemis.

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