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328. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

Ses grands seigneurs, distingués mais flexibles, accoutumés à changer de maîtres, décorent les conseils et les palais de Napoléon : les Saint-Marsan, les Alfieri, les Barollo, les Ghilini, les Salmatoris, les Carignan, chambellans, juges, sénateurs, généraux, colonels, préfets du palais, administrateurs, rivalisent de services, de talents et de fidélité à l’empereur ou à ses lieutenants. Nice, la Savoie, le Piémont, adhèrent de tout leur patriotisme civil et militaire à la France ; ils sont accoutumés à changer de patrie ; ils honorent toutes celles qu’ils adoptent, pourvu que ces patries les grandissent ; la maison de Savoie leur a inoculé ces mœurs politiques. […] Jusque-là elle n’avait pas été trop impopulaire, depuis 1814, en Italie, et, par une versatilité habituelle aux peuples qui changent de joug, son retour à Milan, en 1814, avait été l’objet d’un fanatisme de joie poussé jusqu’à la férocité contre le gouvernement français que l’Autriche venait remplacer. […] En changeant de rôle, il n’eut point à changer d’entourage et d’amis : il donnait ainsi un chef à la révolution consommée. […] Si vous attaquez et que vous soyez vainqueur, si l’Italie assujettie par vous change la condition secondaire et non menaçante pour nous de votre monarchie de second ordre en un vaste empire italien pesant trop fort contre nous sur les Alpes, nous prendrons nos sûretés, nous vous en prévenons, en nous fortifiant nous-mêmes de la Savoie, du comté de Nice et au-delà peut-être.

329. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre sixième »

On n’en change pas, on ne s’en dépouille pas. […] Espérer qu’ils changeront, qu’il y aura, comme dit le grand Corneille, purgation des passions, n’y songeons pas. […] La Fontaine écrit à Maucroix, à la date de 1660 : Nous avons changé de méthode : Jodelet n’est plus à la mode, Et maintenant il ne faut pas Quitter la nature d’un pas. […] C’est le fond de l’homme, que trouble, sans le changer, la passion. […] Autant nous aimons dans la vie à ne pas changer de connaissances, autant au théâtre les nouvelles figures nous plaisent.

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