Il discernait jusque chez eux l’âme et le caractère ; il voyait comme Virgile le port majestueux du chêne, et peignait en vers grandiose « son front au Caucase pareil, bravant l’effort de la tempête. » Il lui donnait l’orgueil qui convient à la masse de son tronc, à l’ampleur de son feuillage, au calme et à la force uniforme de sa longue végétation. […] La Fontaine est si pénétré des vrais caractères de ces animaux, qu’il change la morale primitive plutôt que de les altérer. […] Ces peintures de La Fontaine, si courtes, valent les plus grands tableaux ; car tout le talent de l’artiste consiste à saisir le trait exact, qui montre dans un objet le caractère intime. […] 136 Mais un caractère est multiple.
Toutes ces circonstances impriment à la marche de la nature un équilibre parfait et un caractère de majestueuse simplicité. » II « Au point du jour, le ciel est le plus souvent sans nuages. […] Le ramage trop rare des oiseaux a un caractère mélancolique et mystérieux, plutôt fait pour aviver le sentiment de la solitude que pour égayer et pour exciter à vivre. […] ” » IV « Tels sont donc, en résumé, les grands traits, les caractères de la forêt vierge par excellence : elle est impénétrable, impropre à la demeure de l’homme ; la végétation est en guerre contre elle-même ; les plantes et les animaux grimpent ; il y a peu d’insectes et point de moustiques ; les bas-fonds marécageux contrastent avec les terrains boisés du haut pays ; des arbres d’une taille colossale s’appuient sur des racines arc-boutées et supportent des plantes pendantes aériennes, comme une seconde forêt par-dessus la première ; pêle-mêle de taillis et de lianes parasites ; absence de fleurs ; retour invariable des mêmes phénomènes dans leur cycle annuel, mensuel et diurne ; ombrages silencieux troublés par des bruits mystérieux et inexplicables ; enfin, source inépuisable d’intérêt, qui provient de la beauté et de la variété, de la richesse, de l’exubérance et de l’intensité de la vie chez tous les êtres organiques. […] « Pour moi, l’essence saisissable de leurs caractères relatifs est là : que l’un est supérieur à l’autre et, par conséquent, prédestiné sur l’autre.