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915. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

Ils ne sont point frappés par la magnificence de la nature ; ils n’en voient guère que les jolis aspects ; ils peignent la beauté d’une femme d’un seul trait, qui n’est qu’aimable, en disant « qu’elle est plus gracieuse que la rose en mai. » Ils ne ressentent pas ce trouble terrible, ce ravissement, ce soudain accablement du coeur que montrent les poésies voisines ; ils disent discrètement « qu’elle se mit à sourire, ce qui moult lui avenoit. » Ils ajoutent, quand ils sont en humeur descriptive, qu’elle eut « douce haleine nette et savourée », et le corps aussi blanc « comme est la neige sur la branche quand il a fraîchement neigé. » Ils s’en tiennent là ; la beauté leur plaît, mais elle ne les transporte pas ; ils goûtent les émotions agréables, ils ne sont pas propres aux sensations violentes.

916. (1858) Cours familier de littérature. V « Préambule de l’année 1858. À mes lecteurs » pp. 5-29

Cicéron, cependant, par ce divin effroi Qui glace la vertu lorsque le vice est roi, De Rome, avant l’arrêt, l’âme déjà bannie, Parcourait en proscrit sa chère Campanie, Tantôt quittant la plage et se fiant aux flots, Tantôt montrant du geste une île aux matelots ; Enfin, las de trembler de retraite en retraite, Il se fit débarquer dans ses bains de Gaëte, Délicieux jardins bordés de mers d’azur Où le soleil reluit sur le cap blanc d’Anxur, Où les flots, s’engouffrant dans ces grottes factices, Lavaient la mosaïque, et, par les interstices, Laissant entrer le jour flottant dans le bassin, Des rayons sur les murs faisaient trembler l’essaim.

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