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458. (1856) Cours familier de littérature. I « VIe entretien. Suite du poème et du drame de Sacountala » pp. 401-474

Le blanc est le symbole de la gaieté, parce que le sourire des bouches des femmes laisse éclater cette couleur entre leurs lèvres sur les dents semblables aux perles. […] Sita et Rama s’extasient ensemble sur les scènes reproduites par le pinceau : « Jours heureux pour moi », s’écrie Rama à l’aspect de ces peintures, « quand un père vénéré vivait encore, quand la tendresse d’une mère veillait attentivement sur mon existence, quand tout était plaisir pour mon jeune âge… Voyez… Voilà que ma jeune épouse, la belle Sita, attire l’admiration de ma mère… Le sourire est sur ses lèvres, sa bouche entrouverte laisse éclater des dents aussi blanches que les calices allongés du jasmin ; de longues nattes de cheveux souples, et doux au toucher comme la soie, répandent un crépuscule sur ses joues ; tous ses membres, élégants de formes, gracieux de mouvements, ont la blancheur et la flexibilité des rayons de la lune glissant dans le vague des airs ! […] Le guerrier, dit le poète par la voix du chœur, apparaît au milieu d’une lueur livide ; son char est d’un blanc cendré par la poussière des nuées, tout est flamme autour de lui ; le feu pétille, flamboie, dévore, il roule sous ses rames comme les vagues. […] Ce visage de la fille de Djanaka, beau comme le lotus, est toujours devant mes yeux : telles étaient ses dents, aussi blanches que des perles ; telle était sa lèvre délicate, son oreille arrondie, son œil expressif, quoique leur regard ait quelque chose de la fierté de l’homme… Leur demeure est dans ces bois ; ce sont ceux où Sita fut abandonnée, et ces enfants lui ressemblent.

459. (1855) Préface des Chants modernes pp. 1-39

Au lieu de vêtir le costume moderne et de prendre la tunique blanche des lévites, elle s’est affublée de toges usées et de pourpoints troués au coude. […] Les voilà tous, depuis Achille aux pieds légers, jusqu’au fastueux Sardanapale, depuis Junon aux bras blancs, jusqu’à Derceto pisciforme. […] Il est temps d’en finir avec ces vieux débris des religions physiques de l’antiquité, avec ces inventions flétries de Zoroastre et de Manès qui se sont faufilées dans le catholicisme en passant par la porte de la peur ; il est temps d’en finir avec Osiris et Typhon, avec le blanc et le noir, avec Ormuzd et Arhiman, avec l’esprit du bien et l’esprit du mal. […] Là-bas, on aperçoit un minaret blanc et quelques noirs cyprès : c’est Bournabaki, misérable hameau qui a poussé sur les ruines d’Ilion.

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