Il est en toutes choses ce que les Quinola sont à la petite prime ; et, quand j’aurai besoin de canon, je vous demanderai encore Gourville… Le tout signé : « Armand de Bourbon. » Et on lit au post-scriptum : Nous marchons après demain pour aller attaquer une place en Cerdagne, appelée Puycerda : j’attends Gourville pour en faire la capitulation. […] Quand Mme Fouquet, dans les premiers moments de la catastrophe, eut besoin d’argent, c’est Gourville qui lui en prêta ; il avait de la générosité, de la fidélité, et, si l’on peut dire, de belles parties de morale personnelle. […] « Il m’a souvent passé par l’esprit, dit Gourville, que les hommes ont leurs propriétés à peu près comme les herbes61, et que leur bonheur consiste d’avoir été destinés ou de s’être destinés eux-mêmes aux choses pour lesquelles ils étaient nés. » Et, s’appliquant cette pensée à lui-même, il ajoute : « J’oserais quasi croire que j’étais né avec la propriété de me faire aimer des gens à qui j’ai eu affaire, et que c’est cela proprement qui m’a fait jouer un assez beau rôle avec tous ceux à qui j’avais besoin de plaire. » Gourville fit bien des conquêtes en ce genre, mais la plus difficile, et qui prouve le plus pour lui, fut celle de Colbert. […] Ajoutez qu’il avait au besoin, en chaque partie, des connaissances, des compères, un entregent qui allait à tout.
Il eut de bonne heure de l’esprit de conduite, et il en eut besoin : Rousseau est le seul qui l’ait accusé d’y mêler de la fausseté. […] Un des convives insista, les propos s’animèrent, et Grimm impatienté répliqua : « Il faut avoir bien peu d’honneur pour avoir besoin de déshonorer les autres si vite. » Il s’ensuivit un duel ; les deux adversaires furent blessés. […] Grimm, dans les Mémoires de Mme d’Épinay, se montre constamment à nous comme au-dessus des tracasseries, évitant de s’y mêler, mettant au besoin peu d’aménité dans ses conseils, et gardant quelque réserve, même dans l’intimité ; non point par arrière-pensée ni par manque de confiance, mais simplement « parce qu’il n’aime ni les raisonnements ni les combinaisons inutiles ». […] Mme d’Épinay, malade de la poitrine, et qui a besoin des avis du docteur Tronchin, s’est rendue à Genève ; Grimm, retenu auprès de Diderot par un travail pressé, tarde un peu à la rejoindre ; en attendant, elle voit Voltaire alors aux Délices : Vous avez donc dîné chez Voltaire ?