Son grand besoin est de voir clair ; il veut toujours se rendre compte, et dans la discussion dit quinze fois par heure : « Je n’entends pas. » Un peu sceptique, parfois moqueur, destructeur par occasion, surtout en matière d’illusions poétiques et métaphysiques, il a des habitudes d’algébriste, et a copié de sa main la Langue des calculs. […] Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste. […] Nous causerons, et, s’il se dit quelque chose d’utile, vous en ferez ce qu’il vous plaira. » Le soir venu, il me prit la main avec sa grâce ordinaire, m’installa dans un fauteuil, me versa du thé, m’avertit d’en boire beaucoup, disant qu’il voulait me tenir éveillé, qu’il en avait besoin, qu’il allait faire le professeur, que c’était la première fois de sa vie, et que d’avance il m’en demandait pardon. « Je ne vous parlerai que d’analyse. […] Et pour faire ces découvertes, elle a besoin, comme les autres sciences, de remplacer l’instrument observateur ou modifier l’objet observé.
Il n’est pas nécessaire de se connaître bien profondément pour sentir la convenance d’accorder à tous ses semblables une indulgente douceur dont on a soi-même tant besoin. […] Non ; c’est celui qui prend le temps, observe les nuages, suit les variations de l’état du ciel, plie au besoin ses toiles et ménage l’avenir. […] Ni la conversation ni la société ne sont pour moi d’impérieux besoins. […] Arrière aussi le faux homme de talent qui a besoin des louanges pour accomplir son œuvre et pour produire son chef-d’œuvre ! […] Quand on éprouvera le besoin de changer de galimatias, le passé offrira des modèles qui auront le piquant du neuf.