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587. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Et nous entendons bien que, lorsqu’un Stelio Effrena nous parle de lui-même, c’est Gabriele d’Annunzio qui, « sous le voile de quelque allégorie séduisante, avec le prestige des belles cadences », nous entretient de la « chère âme » de Gabriele d’Annunzio. Les belles cadences, en effet, ne manquent jamais dans ses livres. […] Certaines taches, avec du recul et de la bonne volonté, semblent belles dans leur imprécision et font rêver, comme « les fentes des murailles, la cendre du foyer, les nuages, les fanges », comme tout ce qui est lumière ou couleur affranchie du dessin et de la logique. […] Si cette « chère âme » était belle de quelque générosité native ou acquise, nous serions — malgré le néant de la pensée, malgré l’enfantillage des constructions et le manque de vie des personnages — payés un peu de notre effort à suivre les longues divagations. […] C’est pour cela que chez lui aussi « trop d’abondances appauvrit la matière » et, qu’au lieu du beau livre que le sujet et quelques-unes des qualités de l’auteur semblaient promettre, nous n’avons qu’un curieux, mais gauche et fatigant feuilleton idéologique.

588. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Œuvres littéraires de M. Villemain (« Collection Didier », 10 vol.), Œuvres littéraires de M. Cousin (3 vol.) » pp. 108-120

Le beau génie de la Grèce, dit-il, semble s’obscurcir ; un nuage a voilé sa lumière ; mais c’est un des progrès moraux que le christianisme apportait au monde, un progrès de douleur sur soi et de charité pour les autres. […] Au contraire, quand il avait affaire à une œuvre qu’il jugeait belle, il prenait parti hautement, et la vengeait des injures des sots en toute rencontre. […] La littérature aurait droit déjà d’en revendiquer une bonne part ; il y a surtout de certaines pages sur le beau qui sont des plus mémorables entre les belles pages de notre langue. […] Dans sa belle bibliothèque qu’il enrichit chaque jour, M.  […] S’il trahit par endroits un peu d’inquiétude et d’incertitude, dès qu’il est dans le plein du sujet il devient tout à fait grave et beau.

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