/ 3717
1888. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Figurines »

Nous sommes plus touchés quand, parmi ces dures et précises pierreries virgiliennes, un joyau bouge, tremble, vit, est une larme, et nous fait ressouvenir que ce poète officiel, ce poète-lauréat et ce roi des parnassiens mérita par sa douceur d’être appelé « la jeune fille. » L’auteur de l’Imitation Il est à la mode. […] Platon avait déjà dit, comme l’auteur de l’Imitation, ou à peu près, que « l’amour tend toujours en haut, parce que l’amour est né de Dieu et qu’il ne peut trouver de repos qu’en Dieu ». […] Et je fais cette première remarque que l’auteur de la _Grève des forgerons_ est adroit, en effet, comme un ouvrier de Paris. […] D’autre part, l’auteur des Humbles et des Contes rapides est, comme on sait, un compagnon de propos libres et qui, comme plusieurs d’entre nous, manque un peu d’innocence. […] Nos plus grands prosateurs sont des auteurs à considérations.

1889. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Un spectre, que je ne nommerai pas, me dit à l’oreille que ces commentateurs se tenaient toujours le plus loin qu’ils pouvaient de leurs auteurs dans le monde souterrain, parce qu’ils se sentaient honteux et coupables d’avoir si indignement défiguré la pensée de ces grands écrivains aux yeux de la postérité. […] « L’auteur, écrivait le judicieux Atterbury, a raison de se cacher, car les touches profanes de cet ouvrage nuiraient plus à sa réputation et à son intérêt dans le monde que son esprit ne peut lui faire de bien. » Plus tard, Voltaire en jugea de même. […] Swift voulait un évêché, et les ministres épuisèrent vainement leur influence pour faire un évêque de l’auteur du Conte du Tonneau. […] On dit généralement que vous en êtes l’auteur, mais le libraire déclare qu’il ne sait pas de quelle main il l’a reçu. […] Les mêmes vices et les mêmes folies règnent partout ; du moins dans tous les pays civilisés d’Europe ; et l’auteur qui n’écrit que pour une ville, une province, un royaume ou même un siècle, mérite si peu d’être traduit qu’il ne mérite pas d’être lu.

/ 3717