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938. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

. —  Ce sera une belle vie à raconter, honorée et heureuse, dévouée à de nobles idées et occupée par des entreprises viriles, littéraire par excellence, mais assez remplie d’action et assez mêlée aux affaires pour fournir la substance et la solidité à l’éloquence et au style, pour former l’observateur à côté de l’artiste, et le penseur à côté de l’écrivain. […] Si j’osais employer, comme Macaulay, des comparaisons religieuses, je dirais que sa critique ressemble au jugement dernier, où la diversité des talents, des caractères, des rangs, des emplois, disparaîtra devant la considération de la vertu et du vice, et où il n’y aura plus d’artistes, mais un juge entre des justes et des pécheurs. […] Il est tour à tour économiste, littérateur, publiciste, artiste, historien, biographe, conteur, philosophe même ; par cette diversité de rôles, il égale la diversité de la vie humaine, et présente aux yeux, au cœur, à l’esprit, à toutes les facultés de l’homme, l’histoire complète de la civilisation de son pays. […] Guizot, un artiste comme M.  […] Il n’est pas véritablement artiste : quand il fait une peinture, il songe toujours à prouver quelque chose ; il insère des dissertations aux endroits les plus touchants ; il n’a ni grâce, ni légèreté, ni vivacité, ni finesse, mais une mémoire étonnante, une science énorme, une passion politique ardente, un grand talent d’avocat pour exposer et plaider toutes les causes, une connaissance précise des faits précis et petits qui attachent l’attention, font illusion, diversifient, animent et échauffent un récit.

939. (1857) Causeries du samedi. Deuxième série des Causeries littéraires pp. 1-402

Quelques années se sont écoulées, et nous avons eu le singulier spectacle d’une génération tout entière d’écrivains, de poëtes et d’artistes vieillissant avant d’avoir mûri, et passant presque sans transition de la jeunesse à la décrépitude. […] tout se tient, tout est solidaire dans l’imagination d’un peuple comme dans celle de ses écrivains et de ses artistes. […] Chez lui, la verve de l’artiste et la véhémence du sectaire suppléent au vide et à la sécheresse du cœur ; mais que de malice encore et d’ironie et de scepticisme goguenard au fond de son émotion apparente ! […] Cousin est un grand artiste ; ce qui n’a plus besoin d’être redit. […] Cousin l’a ressenti en artiste.

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