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407. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Questions d’art et de morale par M.  […] Tant pis pour qui ne comprend dans l’art que ce qu’il peut faire ! […] Que la sphère de l’art se mesure pour nous d’un autre compas que la niche de notre statue. […] Il fait même le procès à la musique comme à un art trop sensuel aussi. […] L’art, le bel art est plus indépendant du fond des choses qu’on ne le dit : Phidias et Raphaël faisaient admirablement les divinités et n’y croyaient plus.

408. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXIII. Des éloges ou panégyriques adressés à Louis XIV. Jugement sur ce prince. »

Il n’y a pas un de leurs discours où, en déplorant les vanités du monde, ils n’aient l’art d’amener adroitement ce nom, et ne célèbrent, en passant, les exploits, les merveilles et la sagesse étonnante de ce prince. […] Il est probable que si Louis XIV avait reçu une éducation digne de la vigueur de son caractère, il eût joint à sa passion des grandes choses le génie qui les juge, et que surtout il eût appris l’art le plus difficile des rois, celui de n’abuser ni de ses vertus ni de ses forces. […] On voit Louis XIV, à travers un enchaînement de conquêtes et de victoires, s’occuper des lois, des arts, de la population, de l’agriculture et du commerce ; mais l’homme qui discute et qui juge, en admirant tant de travaux célèbres, examine ce qui leur a manqué du côté de la perfection ou de la durée. […] Ils furent pendant trente ans ce qu’eussent été les Perses vainqueurs à Salamine et à Marathon, unissant la grandeur de Persépolis et d’Ecbatane aux arts brillants et à la politesse douce et voluptueuse d’Athènes. […] On doit savoir gré à Louis XIV d’avoir répandu l’éclat sur les talents et sur les arts, d’avoir su apprécier ces hommes que leur fortune rend obscurs, mais que leur génie rend célèbres ; qui ne sont point destinés par leur naissance à approcher des rois, mais qui sont quelquefois destinés à honorer leur règne.

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