La faculté de photographie mentale, dit un auteur 13, appartient plutôt à la subconscience qu’à la conscience ; elle obéit difficilement à l’appel de la volonté.
Non qu’il ait rien de l’esprit démocratique, et Montesquieu, qui n’en a guère, en a beaucoup plus que lui il méprise ces gouvernements bourgeois des villes de Gand et autres voisines, où « ce sont toujours grosses gens de métier qui ont crédit et autorité, qui n’ont nulle connaissance des grandes choses ni de celles qui appartiennent à gouverner un État. » Il admire le gouvernement de Venise, non pas d’être républicain, mais d’être aristocratique. […] Un abbé de Saint-Pierre, un Ballanche, un Quinet, peut-être même un Michelet, par certains côtés, ont beaucoup plus que lui l’air d’appartenir au moyen âge, et ce qu’on a appelé « l’âme gothique. » Le mysticisme dans la pensée et l’hallucination dans l’imagination sont ce qui est le plus éloigné de Commynes, et on peut presque le définir par ces contraires. […] Et c’est quelque chose que d’avoir ainsi donné, en se jouant, les deux ou trois grands traits généraux de la race à laquelle on appartient ; mais ces caractères, on le voit, ne sont pas nombreux ; ils ne sont pas très creusés non plus ; ils ne sont que chacun le développement abondant plutôt que varié d’une qualité ou d’un défaut unique, d’une tendance unique qui les constitue tout entiers ; ils ne se modifient point, ils n’évoluent point peu à peu sous nos yeux, je ne dirai pas comme font les grandes créatures des romanciers ou poètes puissants, mais comme fait un simple Gil Blas. […] Pour l’enrichir il faut d’abords, voir recours à l’éternelle source du rajeunissement des langues, à ces « langues techniques » qui sont sur les marges, en quelque sorte, de la langue générale, que le public connaît peu et qu’il appartient aux auteurs d’enseigner au public et de verser dans la circulation, langues des métiers, langues des arts, langue de la guerre ou de la chasse » etc. : « Encore te veux-je avertir de hanter quelquefois non seulement les savans ; mais aussi toutes sortes d’ouvriers et gens mécaniques, comme mariniers, fondeurs, peintres, engraveurs et autres, … pour tirer de là ces belles comparaisons et vives descriptions de toutes choses. » — Il faut ensuite et surtout étudier et imiter les anciens et tirer peu à peu toute une langue nouvelle des Latins et des Grecs, comme les Latins en ont tiré une de leur commerce avec la Grèce, les Italiens de leurcommerce avec les Latins.