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802. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Sans doute aussi Mme de Rémusat était un esprit trop sérieux, trop actif, pour écouter causer de politique sans y réfléchir ; l’Empereur put s’en apercevoir et se méfier. […] Sa vieille amie, la comtesse de Lémos, lui avait dit : « Prenez-y garde, l’intrigue, quand elle complique, n’est plus un moyen, c’est une difficulté de plus. » Au moment de sa retraite et de son voyage à travers les belles campagnes qu’il n’a pas aperçues depuis si longtemps, et où se promène avec une ombre de sourire son regard éteint je salue une haute pensée : « Dans tous les malheurs qui nous arrivent, il se rencontre un moment douloureux qu’on doit se hâter de franchir : c’est comme un passage obscur et difficile, une sorte de portique entre le désespoir et la résignation. […] Une fois au delà, l’esprit mieux rassis mesure ses pertes et s’aperçoit des consolations qui lui restent.

803. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 321-384

Tout à coup Hyeronimo s’aperçut que les feuilles de la vigne jaunissaient et rougissaient comme des joues de malade, avant que les raisins eussent achevé de rougir ; que les branches se détachaient des murs comme des mains qui ne se retiennent plus par les ongles à la corniche, et que les grappes, elles-mêmes mortes, commençaient à se rider avant d’être pleines, et ne prenaient plus ni suc ni couleur dans les sarments détendus. […] Le père Hilario emporta le papier, et nous n’y pensâmes plus que pour pleurer notre vendange égrenée à terre ; les oiseaux du ciel eux-mêmes semblèrent la pleurer avec nous ; les passereaux, les grives, les colombes, les merles, quand ils s’aperçurent que les pampres noircissaient, que les feuilles tombaient en été comme après une gelée d’hiver, se réunissaient en tourbillon dans l’air au-dessus de la maison nue, et allaient et venaient comme des fous en jetant de petits cris désespérés ; on eût dit qu’un renard était entré furtivement dans leur nid et avait mangé leurs œufs pendant qu’ils étaient sortis de l’arbre. […] Hyeronimo s’en apercevait aussi tous les jours davantage ; il en était fier, mais aussi un peu jaloux.

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