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513. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Ses premières années. — Sa jeunesse ; période d’enthousiasme. — Noble ambition ; sa vocation financière. — Conseiller au parlement de Metz. — Député aux États généraux. — Ses travaux à la Constituante. — Explication avec Mirabeau. — Il est nommé procureur général syndic. — Moment de l’expérience ; épreuve de la démocratie […] On a les extraits et cahiers de ses lectures en ces années ; car il eut de bonne heure l’habitude de lire et de penser plume en main. […] En novembre 1788, sous le titre : De la députation aux États généraux, il publiait une brochure où il exposait ses principes, et où l’on trouve le type de toutes les opinions qu’il allait professer à l’Assemblée : Je m’étais fait, disait-il après des années en se jugeant lui-même, une théorie de l’État social bien ordonné, d’après les écrits philosophiques les plus accrédités alors, et d’après mes propres réflexions. Mon esprit s’était fixé sur des principes absolus ; et, quand je fus dans l’Assemblée nationale, j’en poursuivis toutes les conséquences, j’en voulus toutes les applications, avec toute la rigidité d’une logique opiniâtre, qui est, je crois, une des qualités de mon esprit, et peut-être avec la roideur qui est dans mon caractère… L’année précédente (1787), il avait publié un écrit d’un intérêt plus local, ce semble, mais d’une importance toute française, concernant Le Reculement des barrières. […] [NdA] Notice du baron Roederer sur sa famille et en particulier sur son père durant ces années de jeunesse, antérieures à la vie politique (1849).

514. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Rathery qui, depuis bien des années, s’est appliqué à la littérature sérieuse et historique, et qui a fait preuve, dans maint travail critique, d’un rare esprit d’exactitude et de finesse, rend en ce moment un véritable service en publiant, au nom de la Société de l’histoire de France, les journaux et mémoires du marquis d’Argenson. […] D’Argenson, mort depuis tant d’années, eût mérité d’être de ces hommes ; il en était par l’esprit, par l’instinct, et des plus précoces ; c’est son principal titre d’honneur aujourd’hui. […] La politique bourgeoise du cardinal de Fleury, à laquelle il adhérait l’année précédente, et dans laquelle il espérait sa part, est rejetée bien loin maintenant : Chauvelin remonte. […] Chauvelin lui-même et d’obtenir un des portefeuilles qui faisaient partie de sa dépouille, le portefeuille des Affaires étrangères : « Je ne postulai point, mais on postula pour moi… Je vaux peu, mais je brûle d’amour pour le bonheur de mes citoyens, et, si cela était bien connu, certainement on me voudrait en place. » Aux environs de ce temps-là, dans les mois et les années qui suivent, on le voit successivement en passe ou en idée de devenir ou premier président du Parlement, ou secrétaire d’État à la guerre ; — chancelier de France (si M. le Chancelier, qui a soixante-neuf ans, venait à manquer) ; — contrôleur général, ou même surintendant et duc à brevet ; — premier ministre enfin ; car il a toutes ces visées, et il les indique ou les expose au fur et à mesure des occasions. […] J’étais tenu plus qu’un autre peut-être de m’apercevoir et de faire apercevoir le public de la différence qu’il y a entre le d’Argenson réel et celui qu’on nous avait présenté d’abord : j’avais en effet, dans un article du Globe du 16 juillet 1825, rendu compte des Mémoires publiés en cette même année, et en le faisant avec un sentiment d’estime que je n’ai pas à rétracter, j’avais été un peu dupe comme tout le monde, et comme l’est encore plus aisément la jeunesse, du portrait arrangé, repeint et vernissé à la moderne que l’éditeur nous avait présenté.

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