Il disait, par exemple34 : Mettez en un tout les hommes, les animaux, les pierres, tous les êtres du monde, corporels ou incorporels ; si vous dites que ce monceau est Dieu, vous êtes panthéiste. — Ou bien encore : Supposez, comme les Éléates, que le monde n’est qu’une apparence, et qu’il n’y a qu’un seul être, l’unité absolue, vous êtes panthéiste. — On aurait pu lui répondre : Pardon, il y a une troisième manière d’être panthéiste, celle de Schelling et d’Hégel ; car ils repoussent avec autant de mépris que vous celle que vous venez de citer.
Il tire la vie de l’élément vers la vie de la plante et de l’animal, l’animal et la plante vers l’homme, l’homme vers Dieu. […] Il laisse l’humanité toujours aussi « animale », et non pas plus heureuse ; il n’est, en réalité, qu’un piétinement, sinon un recul. […] Cette force divine immanente au monde, c’est celle qu’adoraient les stoïciens (Mens agitat molem… Spiritus intus alit), et c’est aussi quelque chose d’analogue à la force que reconnaît, par un postulat nécessaire, la doctrine de l’évolution, à ce je ne sais quoi qui, dans les minéraux, veut s’agréger ou se cristalliser ; qui, dans le règne végétal ou animal, veut vivre et croître, s’adapte aux milieux pour en tirer le plus de vie possible, assouplit et achève les types, et les transmet perfectionnés… Nul poète, nul philosophe, nul historien n’a mieux senti que Lamartine, ni plus superbement exprimé la marche évolutive de l’histoire. […] Respecte ton père… Allie-toi à une seule femme et qui ne soit pas de ta famille, afin que la tendresse humaine s’étende… Ne vous séparez pas en tribus, en nations… Possédez, aimez et cultivez la terre ; elle est inépuisable à transformer par l’homme ses éléments en pensée… Chaque fois qu’un homme naîtra, vous lui donnerez une part de terre… Ne bâtissez point de villes, habitez les campagnes… N’amassez pas d’avance… Vivez en paix avec les animaux, n’imposez point de mors à leur bouche ; ceux qui sont cruels s’adouciront… N’élevez pas au-dessus de vous de juge ni de roi, ils se feraient tyrans… N’ayez ni loi ni tribunal pour punir. » Oui, c’est un rêve ; mais c’est le grand rêve humain ; je dirai presque le seul.