Un homme honorable, illustré depuis par une heure de grand courage, Boissy d’Anglas, son ami, prit la plume pour le défendre, et il écrivit, dans le Mercure de France du 20 février 1790, une lettre dans laquelle il rétablissait à l’honneur de La Harpe les faits qu’on dénaturait et qui se rapportaient à sa première jeunesse ou à sa naissance. […] N’oublions pas qu’une grande partie de l’originalité de ses critiques a péri ; joignons-y toujours la personne même de l’Aristarque qui y faisait commentaire, sa véhémence de geste et de ton, ce qu’il y avait de piquant (et même de choquant) à le voir se retourner sur des amis, des camarades de la veille, du moment qu’il y croyait le bon goût intéressé. […] Condorcet (car il paraît que c’est bien lui), avec cette acrimonie réfléchie qui était un de ses talents, fit insérer dans le Journal de Paris une lettre, dans laquelle l’article était dénoncé à la vindicte des frères et amis et que signa le marquis de Villevieille. […] Un de ses amis fut arrêté dernièrement en vertu d’un décret des consuls (le Tribunal du commerce). On le conduisait en prison, et il pria les gens du guet de l’accompagner chez M. de La Harpe, son ami, qui le cautionnerait et payerait peut-être les deux mille francs qui avaient donné lieu à ce décret de prise de corps.
Meissonier et Calmann-Lévy, avertis par dépêche spéciale, dans la matinée, du décès de leur ami. […] Augier, en effet, bien que comptant beaucoup d’amis parmi les libres-penseurs, était profondément religieux. […] J’étais l’un de ses plus anciens amis ; je reste l’un de ses plus fervents admirateurs. […] L’homme si loyal, si cordial, le compagnon d’étreinte franche et robuste, mon ami, mon parrain, mon maître Émile Augier, en ce moment, je ne saurais rien en dire. […] Un jour qu’il dînait à la villa Médicis, dont son ami Hébert, comme lui Dauphinois, — Hébert est fils d’un notaire de Grenoble — était et est encore directeur, il lui dit qu’il voulait se marier.