Ce qu’il fit en ces années nous échappe, et on peut au plus en prendre quelque idée par ce qu’il nous dit du prince, depuis maréchal de Beauvau, dont il a écrit la vie, les mémoires, et à la carrière duquel il s’attacha de tout temps, moins encore en protégé qu’en ami. […] Votre ami (Voltaire) qui l’aime beaucoup veut lui faire avoir ses entrées à la Comédie pour Sémiramis… C’est un homme de condition de ce pays-ci, mais qui n’est pas riche, qui meurt d’envie d’aller à Paris, et à qui ses entrées à la Comédie feront une grande différence dans sa dépense. […] Consumé de douleurs vers la fin de leur cours, Il voit dans le tombeau ses amis disparaître, Et les êtres qu’il aime arrachés à son être. […] [NdA] Saint-Lambert, à la fin de sa vie, affaibli de tête, avait la manie, en prenant les mains de M. d’Houdetot, de lui dire à tout instant : « Mon ami, j’ai eu bien des torts envers vous… » On était obligé de couper court aux confidences. Il disait aussi, en indiquant du geste sa vieille amie qui, toujours un peu bergère, se promenait par les jardins : « Tenez !
Ô mes amis ! […] Seulement, en homme respectueux et sage, il évitait de porter la controverse sur ce terrain, où ses amis, n’ayant pu l’attirer lui-même, essayèrent depuis d’entraîner sa mémoire. […] Il veut qu’on suive ses amis, non seulement dans leurs disgrâces, mais jusque dans leurs faiblesses, et qu’on ne les abandonne jamais. Est-il rien de plus délicat, de plus aimable, de plus pratique et de plus encourageant, que les Conseils qu’il donne à un jeune ami ? […] La ligne moyenne des Turgot et des Malesherbes eût été sans doute la sienne ; mais il est à croire que, généreux et brave comme il était, il eût rompu en visière aux erreurs même de ses amis, et qu’il eût protesté autrement encore que par son silence.