Balzac écrit encore : « Feue ma bonne amie, madame des Loges … » La règle de l’invariabilité est donc récente, car Balzac se flattait de ne le céder à personne comme puriste, et pas même à Chapelain. […] Qu’un monsieur écrive à son ami : « J’irai vous voir en mil neufe cent cinq », cela m’est fort indifférent et à la société ; mais s’il profère tout haut son barbarisme, il me gêne, il me froisse, il me contamine, il peut devenir la source d’un vice universel d’élocution.
C’est le rêve d’un homme d’ordre ami des plaisirs. […] C’est dans ses premières œuvres qu’on lit ce petit portrait, à la La Bruyère : « C’est bien le meilleur homme du monde que Physcon ; il n’a rien à lui, pas même sa conscience : tout est à ses amis et il a constamment eu le bonheur de compter parmi eux tous les gens au pouvoir. […] Quoi qu’il en soit, tel était l’état d’esprit de Lamennais de 1815 à 1830, depuis le premier volume de l’Essai sur l’Indifférence jusqu’à l’essai sur les Progrès de la Révolution (1829) : anti-protestant, anti-gallican, anti-libéral, anti-individualiste, catholique ultramontain, c’est-à-dire catholique international, c’est-à-dire catholique universel ; il voulait franchement un pouvoir spirituel unique, ami du peuple, des pauvres et des souffrants, maintenant l’unité morale du genre humain, servant la cause du progrès moral et intellectuel, et qui fût la papauté. — Et la nécessité de croire à ce qu’enseignait ce pouvoir spirituel, et la convenance de lui obéir, il essayait de les prouver en démontrant que l’enseignement dispensé par ce pouvoir était ce que l’humanité avait toujours cru. […] Catholicisme scientifique, catholicisme libéral, catholicisme démocratique avec vagues tendances socialistes, séparation des Églises d’avec l’État, suppression du budget des cultes : tel était donc le programme que Lamennais expliquait éloquemment avec ses amis dans le journal l’Avenir, du 16 octobre 1830 au 10 octobre 1831.