/ 2810
505. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

En fait de raisonnement et d’esthétique, nous ne recommencerions donc pas à parler de lui, à ajouter à ce que nous avons dit ailleurs, à ce que d’autres ont dit mieux que nous. […] I, ch. xxii) : Ut pueri infantes credunt signa omnia ahena Vivere et esse homines, sic istic (pour isti) omnia ficta Vera putant52… Sur quoi le bon Lactance, qui ne pensait pas se faire son procès à lui-même, ajoute avec beaucoup de sens, que les enfants sont plus excusables que les hommes faits : Illi enim simulacra homines putant esse, hi Deos 53. » Ce second chant devait renfermer, du ton lugubre d’un Pline l’Ancien, le tableau des premières misères, des égarements et des anarchies de l’humanité commençante. […] Son cadavre fût-il suspendu sur un abîme à la pointe d’un rocher ou enfoncé dans l’eau infecte d’un gouffre, il lui procurera un tombeau. » « Voici, ajoute-t-il, une chanson écrite sous le règne d’Yao, 2, 350 ans avant Jésus-Christ. […] André remarque que c’est en racontant l’histoire d’Andromède à la troisième personne que le poëte lui adresse brusquement ces vers : Te circum, etc., sans la nommer en aucune façon. « C’est tout cela, ajoute-t-il, qu’il faut imiter. […] est un composé du Bacchus des Métamorphoses, de celui des Noces de Thétis et de Pélée ; le Silène de Virgile s’y ajoute à la fin70.

506. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Ce taillable paye pour sa taille réelle, personnelle et industrielle 36 livres 14 sous, pour les accessoires de la taille 17 livres 17 sous, pour sa capitation 21 livres 8 sous, pour ses vingtièmes 24 livres 4 sous : en tout 99 livres 3 sous ; à quoi il faut ajouter environ 5 livres pour le remplacement de la corvée : en tout 104 livres pour un bien qu’il louerait 240 livres, plus des cinq douzièmes de son revenu  C’est bien pis si l’on fait le compte pour les généralités pauvres. Dans la Haute-Guyenne662, « tous les fond de terre sont taxés, pour la taille, les accessoires et les vingtièmes, à plus du quart du revenu, déduction faite seulement des frais de culture, et les maisons au tiers du revenu, déduction faite seulement des frais de réparation et d’entretien ; à quoi il faut ajouter la capitation, qui prend environ un dixième du revenu, la dîme qui en prend un septième, les rentes seigneuriales, qui en prennent un autre septième, l’impôt en remplacement de la corvée, les frais de recouvrement forcé, saisies, séquestres et contraintes, les charges locales ordinaires et extraordinaires. […] À Rennes693, pour une barrique de vin de Bordeaux, les droits des devoirs et le cinquième en sus l’impôt, le billot, les 8 sous pour livre et les deniers d’octrois montent à plus de 72 livres, non compris le prix d’achat ; à quoi il faut ajouter les frais et droits dont le marchand de Rennes fait l’avance et qu’il reprend sur l’acheteur, sortie de Bordeaux, fret, assurance, droit d’écluse, droit d’entrée pour la ville, droits d’entrée pour les hôpitaux, droits de jaugeage, de courtage, d’inspecteurs aux boissons. […] Dans l’Ile-de-France701, sur 240 livres de revenu, elle prend au taillable 21 livres 8 sous, au noble 3 livres, et l’intendant déclare lui-même qu’il ne taxe les nobles qu’au 80me de leur revenu ; celui de l’Orléanais ne les taxe qu’au 100e ; en revanche le taillable est taxé au 11e  Si l’on ajoute aux nobles les autres privilégiés, officiers de justice, employés des fermes, villes abonnées, on forme un groupe qui contient presque tous les gens aisés ou riches, et dont le revenu dépasse certainement de beaucoup celui de tous les simples taillables. […] Or cette taxe est une surcharge d’un quart ajoutée au principal de la taille, et, pour prendre un exemple, en Champagne, sur 100 livres de revenu, elle prend au taillable 6 livres 5 sous. « Ainsi, dit l’assemblée provinciale, les routes dégradées par le poids d’un commerce actif, par les courses multipliées des riches, ne sont réparées qu’avec la contribution des pauvres. » — À mesure que les chiffres défilent sous les yeux, on voit involontairement se dégager les deux figures de la fable, le cheval et le mulet, compagnons de route : le cheval a droit de piaffer à son aise ; c’est pourquoi on le décharge pour charger l’autre, tant qu’enfin la bête de somme s’abat sous le faix.

/ 2810