La modestie, la grâce, une grâce simple et ingénue, un air de pudeur qui gagnait l’estime, inspiraient et disposaient à ravir tous ses mouvements. […] Aussitôt que l’aurore de votre grâce commencera à poindre, je commencerai d’agir et de travailler à l’œuvre de mon salut… en me contentant d’avancer et de croître dans votre amour comme l’aurore, doucement et imperceptiblement… Il est naturel de rapprocher ces paroles de celles mêmes que Bossuet écrivait au sujet de Mme de La Vallière, à la veille de son entière conversion : « Il me semble, disait-il, qu’elle avance un peu ses affaires à sa manière, doucement et lentement. » Ainsi sa démarche habituelle, même dans le chemin du salut, était une douce lenteur, et comme un air de molle nonchalance, jusqu’à ce que l’amour lui eût donné les ailes qui enlèvent. […] … Ce fut, à mes yeux, tous les charmes que nous avons vus autrefois ; je ne la trouvai ni bouffie, ni jaune ; elle est moins maigre et plus contente ; elle a ses mêmes yeux et ses mêmes regards ; l’austérité, la mauvaise nourriture et le peu de sommeil ne les lui ont ni creusés, ni battus ; cet habit si étrange n’ôte rien à la bonne grâce, ni au bon air ; pour la modestie, elle n’est pas plus grande que quand elle donnait au monde une princesse de Conti ; mais c’est assez pour une carmélite.
C’est même par là autant que par son bon air, c’est par l’agrément de sa conversation, que Lauzun s’insinua d’abord auprès d’elle : « Je lui trouvais des manières d’expressions que je ne voyais point dans les autres gens. » Richelieu mort, Gaston, que les dernières intrigues avaient éloigné, fit son accommodement avec la Cour ; il revint à Paris et descendit chez sa fille : Il soupa chez moi ou étaient les vingt-quatre violons, dit Mademoiselle ; il y fut aussi gai que si MM. de Cinq-Mars et de Thou ne fussent pas demeurés par les chemins. […] De l’éclat, une fraîcheur Qui conservait des Lis la candide innocence disaient les poètes, de beaux yeux, des cheveux blonds et d’un beau cendré, une belle taille, tout cela couvrait ce qui lui manquait du côté de la délicatesse et de la grâce ; « elle avait tout à fait en elle l’air de la grande beauté », reconnaît Mme de Motteville. […] La première fois qu’il fit son service de capitaine des gardes et qu’il prit le bâton, comme on disait, « il en fit les fonctions avec un air grand et aisé, plein de soins sans empressement.