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428. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Il en est d’elle comme du grand orateur athénien : quand vous admirez et que vous vous émouvez aux pages spirituelles ou brûlantes, quelqu’un toujours peut dire : Que serait-ce donc si vous l’aviez entendue elle-même ? […] A travers son exagération pathétique, qu’elle prend pour de la modération, elle réussit, quoi qu’il en soit, à nous faire estimer et plaindre ce personnage, fort admiré et fort envié en son temps, tout simplement oublié depuis, et qui ne vivra désormais un peu que par elle. […] Dans la préface de Delphine, il est dit un mot du Génie du Christianisme, comme d’un ouvrage dont ses adversaires mêmes doivent admirer l’imagination originale, eclatante, extraordinaire. […] En réunissant quelques ébauches de diverses plumes contemporaines, nous croyons pourtant n’avoir pas fait inutilement : on n’est jamais las de ces nombreuses concordances, à l’égard des personnes chéries, admirées et disparues67. […] Fauriel, celui-ci qui lui donnait le bras se mit involontairement à admirer un point de vue : « Ah !

429. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Par définition, et, si j’ose dire, par constitution mentale, la femme incline à s’adapter, à se plier aux influences : pareille à la liane qui s’enroule autour de l’arbre dont elle partage le destin, elle épouse la forme de qui elle aime, ou de qui elle admire. […] Comme elle sait plier son être physique aux caprices de celui qu’elle aime, elle adapte son art à la manière de celui qu’elle admire. […] Condensation des effets, sobriété de l’accent : vertus rares que nous admirons d’autant plus qu’elles portent ici la signature d’un sexe ayant tendance à se distinguer par les défauts contraires. […] Comme un musicien, docile au génie du maître qu’il admire, plie les mouvements de son rythme au thème initial dont il tirera ses variations, ainsi notre jeune poétesse subordonne les accents de sa lyre à toutes les nuances que lui propose son modèle. […] Mais dans le même instant qu’il en admire l’éclat et qu’il en respire le parfum, il démêle ce qu’il y a d’artifice en elles.

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