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1052. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Une ville avide à la fois de louanges et de blasphème ; elle aime à s’entendre dire : je vous hais, et je vous admire. […] La Bruyère admirait, en son temps, la grande étendue d’esprit qu’il faut aux hommes pour se passer de charges et d’emplois ; aujourd’hui ce sont les maladroits, les modestes et les moins ambitieux qui acceptent les emplois et les charges. […] À ce nom admiré, nos deux aimables bohémiens se lèvent, dans un transport unanime d’admiration et de respect.

1053. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Shakespeare »

C’est ici le contraire du mot de Turgot sur Christophe Colomb : — « Ce que j’admire le plus en lui, — disait-il de ce découvreur de monde, — ce n’est pas d’être arrivé, mais c’est d’être parti !  […] Le génie libre et si prodigieusement spontané de Shakespeare est aussi profondément antipathique aux divisions arbitraires qu’on en fait que pourrait l’être l’Océan aux bouteilles dans lesquelles on voudrait enfermer ses vagues resplendissantes, pour en faire mieux admirer l’azur, au lieu de les laisser tranquillement déferler sur la grève immense ! […] On y trouve le pathétique dans les situations, la puissance de conception dans les caractères, la beauté idéale dans les sentiments, l’énergie ou la grâce dans le langage qu’il faut admirer partout dans Shakespeare ; en d’autres termes, l’identité du même génie, dans des sujets différents.

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