La nouvelle maniere de réciter aura donc paru fort extraordinaire aux romains dans ses commencemens, mais ils s’y seront habituez dans la suite, parce qu’on s’accoutume facilement aux nouveautez, qui mettent plus d’action et qui jettent plus d’ame dans les représentations théatrales. […] Nous exigeons même de nos orateurs cette action plus agitée, pour ainsi dire. […] Comme les danseurs qui executoient les ballets composez sur ces airs, étoient obligez à se mouvoir avec plus de vitesse et plus d’action que les danseurs ne l’avoient fait jusqu’alors, bien des personnes dirent qu’on corrompoit le bon goût de la danse, et qu’on alloit en faire un baladinage.
Mais pour Louis XVI et avec Louis XVI, on n’a besoin que de son action même. […] Lorsque, à la dernière page de son volume, qui se ferme quand les États-généraux s’ouvrent et quand ils deviennent les vrais rois devant le roi, déjà, de ce moment, décapité, l’auteur examine, avant de terminer, cette question, qui reviendra d’ici longtemps sous toute plume tourmentée du besoin de l’action politique : la Révolution était-elle inévitable ? […] Il y a l’homme d’esprit, il y a l’homme politique, l’homme politique sceptique quelquefois dans l’histoire où, excepté l’action du caractère et de la main, il y a tant de choses qui pourraient ne pas être et qui sont indifféremment là ou là ; mais, par-dessus ces divers hommes, il y a le peintre de plume, l’écrivain d’imagination et de style, l’anti-Genevois, l’anti-Sismondi !