Maréchal, au troisième acte. […] L’acte du bal, joué avec la froide solennité d’un divertissement de tragédie. […] Ce sont vraiment bien des applaudissements, des applaudissements frénétiques sur lesquels tombe la toile du premier acte. Et les autres actes, la pièce marche admirablement, avec cependant un tantinet de froideur au second acte, qui avait été le succès de la répétition générale, mais avec une ovation enthousiaste au troisième. […] Et réveillé par l’émotion de Belot et des acteurs désarçonnés par le refroidissement du quatrième acte, il croit presque à un insuccès.
Cependant les psychologistes savent bien qu’il y a des actes intellectuels, que la conscience nous donne comme simples et indécomposables, et que l’analyse résout parfaitement. Il en doit être des émotions comme des actes intellectuels. […] L’orateur qui, au Parlement, remet et tire sans cesse son lorgnon, l’écolier qui, en récitant sa leçon, remue quelque chose entre ses doigts, les actes automatiques de certains avocats ou autres gens parlant en public : ce sont là autant d’exemples de la manière dont le trop plein des émotions peut se dépenser, et empêcher par suite qu’elles ne paralysent l’intelligence. […] « Les pouvoirs qui imposent la sanction obligatoire sont la loi et la société, c’est-à-dire la communauté agissant, ou bien par les actes judiciaires publics émanant du gouvernement, ou bien indépendamment du gouvernement par l’expression non officielle d’une désapprobation, par l’exclusion des offices sociaux. […] Il n’est pas vrai que tous nos actes se réduisent à l’amour de nous-mêmes, « car la sympathie est un fait de la nature humaine dont l’influence se fait sentir loin, et qui constamment modifie et contrarie les impulsions purement égoïstes. » Et de même, l’utilité n’explique pas tous nos actes, puisqu’il n’est point rare de voir un homme refuser d’embrasser une profession lucrative, qui lui paraîtrait déshonorer les traditions d’orgueil de sa famille et choisir plutôt une vie de privations et de misère.