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1700. (1900) La vie et les livres. Cinquième série pp. 1-352

Napoléon III passe et repasse dans ses souvenirs, silhouette indécise, déconcertante à force de contraste, doucement rebelle aux jugements sommaires de l’histoire, inégale assurément aux tyrans légendaires dont elle fut rapprochée par le lyrisme officiel des préfets et par la haine aveugle des pamphlétaires, — ombre d’empereur, qui n’eut point, quoi qu’on en ait dit, les vertus de Jules César ni les vices de Néron, chef populaire qui disparut dans une formidable tempête d’impopularité, — apôtre vague du socialisme humanitaire et représentant d’une autorité absolue à laquelle il renonça par l’effet d’un préjugé sincèrement libéral, — ami de la paix et condamné par le sort à des guerres perpétuelles, idole de la démocratie et instrument de règne pour les partisans surannés du despotisme, — personnage inquiétant, douloureux, tragique, prince acclamé comme le sauveur d’une République et maudit comme l’égorgeur inconscient d’une nation, — installé au pouvoir par un plébiscite et chassé du trône par une révolution, — héritier douteux d’une dynastie conquérante et libérateur chimérique des peuples opprimés, — général d’une armée longtemps victorieuse et signataire de nos pires capitulations, — arbitre de l’Europe avant d’en être le jouet et la risée ; — figure ambiguë et trouble, devant qui notre conscience perplexe refuse de formuler un verdict.

1701. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre premier. » pp. 15-203

Essai sur les règnes de Claude et de Néron. Livre premier. I. Lucius Annæus Sénèque naquit à Cordoue, ville célèbre de l’Espagne ultérieure, agrandie, sinon fondée par le préteur Marcellus, l’an de Rome 585 ; colonie patricienne qui donna des citoyens, des sénateurs, des magistrats à la république, privilége dont les provinces de l’Empire jouissaient encore sous le règne d’Auguste. Le surnom d’Annœa signifie ou la vieille famille, ou la famille des vieillards, des bonnes gens, dont la rencontre était d’un heureux augure.

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