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755. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Charles Baudelaire. Les Fleurs du mal. »

Il y a du Dante, en effet, dans l’auteur des Fleurs du mal, mais c’est du Dante d’une époque déchue, c’est du Dante athée et moderne, du Dante venu après Voltaire, dans un temps qui n’aura point de saint Thomas.

756. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Je n’ai pas cru, Messieurs, que la petite part que j’ai eue à tout cela pût m’empêcher de vous en parler avec franchise. » C’est l’époque où Geoffroy commence dans le feuilleton du Journal des Débats, contre Voltaire en particulier et le philosophisme en général, cette guerre implacable qui ne déplaisait pas à l’empereur, mais qui, par sa forme, déplaisait à Fontanes, ce délicat appréciateur des convenances, dont les mœurs élégantes et polies ne pouvaient se faire aux brutalités de style de Geoffroy, donnant sans cesse des férules à Voltaire. […] Frayssinous, c’est qu’au dix-neuvième siècle le christianisme était devenu une nouveauté en France ; la plupart des jeunes gens ne connaissaient l’Évangile que par les citations tronquées de Voltaire, et le patriotisme était la seule religion qu’on leur eût enseignée. […] Quelques volumes dépareillés de Voltaire lui tombèrent sous la main, et il apprit pour ainsi dire à lire dans les écrits de ce grand railleur de toute chose, comme celui-ci avait appris à lire dans la Moïsade. […] L’enfant perfectionnait, d’après le système de Rousseau, son éducation commencée à la Voltaire. […] C’était un descendant intellectuel de ce René, la figure la plus remarquable et la plus contemporaine peut-être que Chateaubriand ait tracée dans son Génie du christianismeaspirant à tout et mécontent de tout, fatigué des autres et de lui-même, et nourrissant je ne sais quelle amère tristesse qui débordait de son âme même au sein des plaisirs ; un génie situé entre la raillerie sceptique et désolante de Voltaire et la malédiction éloquente de Jean-Jacques Rousseau.

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