Les causes morales ont-elles attendu pour favoriser la poësie et la peinture, que Le Sueur, Le Brun, Corneille, La Fontaine et Racine se produisissent ? […] Rotrou parut en même-temps que Corneille, Racine, Moliere et Quinault, vinrent bien-tôt après. […] Sarrazin, les Corneilles, Moliere, Racine, La Fontaine, Despreaux, Quinault et Chapelle, ont été successivement les contemporains de tous ces illustres.
Racine, à qui peut-être il n’a manqué pour surpasser Corneille que d’avoir vécu comme lui, n’a pas laissé d’avoir des adversaires à combattre ; cet esprit de courtisan qu’il possédait trop, et qui sans Athalie, Phèdre, et Britannicus, serait une espèce de tache à sa gloire, ne l’a pas empêché d’essuyer bien des chagrins de la part de ceux dont Pradon était l’esclave et l’idole. […] Il n’imaginait pas qu’un jour certaines gens dussent être choqués de se voir dans l’Académie Française entre Despréaux et Racine, place dont Mécène se serait fait honneur et qu’il n’eût occupée qu’avec modestie. […] Corneille, La Fontaine et beaucoup d’autres ont été sans elles ; et sans elles apparemment Racine aurait fait ses tragédies, et Despréaux son Art Poétique ; sans elles notre siècle a produit la Henriade, l’Esprit des Lois, Hippolyte et Aricie, et plusieurs beaux ouvrages des mêmes auteurs et de quelques autres.