/ 1097
32. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Boileau »

Cependant Boileau vieillit, ses infirmités augmentent, ses amis meurent : La Fontaine et Racine lui sont enlevés. […] Racine lit, un jour, cette observation de Denis d’Halicarnasse, et vite il la communique à Boileau qui niait les termes prétendus vils et bas, reprochés par Perrault à Homère : « J’ai fait réflexion, lui écrit Racine, qu’au lieu de dire que le mot d’âne est en grec un mot très-noble, vous pourriez vous contenter de dire que c’est un mot qui n’a rien de bas, et qui est comme celui de cerf, de cheval, de brebis, etc. […] En général, Boileau, en écrivant, attachait trop de prix aux petites choses : sa théorie du style, celle de Racine lui-même, n’était guère supérieure aux idées que professait le bon Rollin […] Voir l’agréable conversation entre Despréaux, Racine, M.  […] Il se vantoit d’en avoir le premier parlé poétiquement, et par de nobles périphrases. » (Racine fils, Mémoires sur la vie de son père.)

33. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 27, que les sujets ne sont pas épuisez pour les poëtes, qu’on peut encore trouver de nouveaux caracteres dans la comedie » pp. 227-236

Quand Corneille et Racine ont traité le même sujet, et quand ils ont fait chacun une tragedie de Berenice, ils ne se sont pas rencontrez. Rien n’est si different du plan et du caractere de la tragedie de Corneille, que le plan et le caractere de la tragedie de Racine. […] C’est ainsi que Corneille et Racine ont découvert les sujets convenables à leurs talens, et qu’ils les ont traitez, chacun suivant son caractere. Un poëte tragique qui auroit autant de genie qu’eux, trouveroit des sujets qui leur ont échappé, et il traiteroit les sujets qu’il mettroit au théatre dans un goût aussi different du goût de Corneille que le goût de Racine, et aussi éloigné du goût de Racine que le goût de Corneille. […] Le sujet d’Iphigenie en Tauride qui n’a point frappé Racine frappera de même un jeune auteur.

/ 1097