/ 1097
117. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Il résulte de cette discussion que Corneille parle autant d’amour que Racine, quoiqu’il n’en parle pas si bien ; que Racine est aussi vrai et même plus vrai que Corneille dans ses caractères, et qu’il a peint l’ancienne Grèce aussi fidèlement, pour le moins que Corneille a peint l’antique Italie. […] Au reste, M. de La Harpe a glorieusement réparé les omissions de Voltaire : son zèle officieux n’a rien passé à Corneille ; il l’a immolé à Racine, et ensuite il n’a couronné Racine de fleurs académiques que pour le faire tomber en sacrifice sur les autels de Voltaire, son idole. […] Racine a pour lui seul presqu’un volume. […] Voici la preuve authentique de cette conjuration contre Corneille et Racine. […] Corneille et Racine sont froids !

118. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Selon les goûts, on fait ainsi bénéficier toute la tragédie française du génie de Corneille et de Racine, ou l’on ridiculise au contraire Corneille et Racine par les œuvres de Campistron et de Crébillon. […] Par un effort magnifique, Corneille y galvanise l’histoire ancienne, en la francisant ; et Racine y met toute la psychologie de son époque. […] Racine sut les réintégrer, d’une façon admirable, dans Esther et dans Athalie ; son cas est exceptionnel. […] Corneille et Racine employaient ces artifices pour concentrer l’action ; ils pensaient à leur œuvre, à l’art ; les ficelles d’aujourd’hui servent à manier les spectateurs ; elles ont pour but le succès. […] Mais précisément pour cela elle atteignit aussi, par le génie d’un Corneille et d’un Racine, les sommets de l’art pur.

/ 1097