Étienne Pasquier, né à Paris en 1529, d’une famille honorablement établie, mais qu’il devait le premier illustrer, se trouva, par la date de sa naissance, en mesure de profiter de toute la science et de l’érudition qui sont propres au xvie siècle. […] Il étudia le droit à Paris, sous Hotman et sous Balduin, en 1546, et, en 1547, à Toulouse, sous le grand Cujas. […] Au retour, il débuta comme avocat au barreau de Paris (1549), et en même temps, pour occuper ses loisirs, il se livra à la poésie, à la composition littéraire, caractère qui distingue sa génération d’avocats, et Pasquier entre tous les autres : « Lorsque j’arrivai au Palais, dit-il, ne trouvant qui me mît en besogne, et n’étant né pour être oiseux, je me mis à faire des livres, mais livres conformes à mon âge et à l’honnête liberté que je portois sur le front : ce furent des Dialogues de l’amour… » Les dialogues galants et amoureux, les sonnets qu’Étienne Pasquier publia dans ces années de jeunesse, et auxquels il se reportait avec complaisance et sourire en vieillissant, ne prouvent rien autre chose que de l’esprit, de la facilité, de la subtilité ingénieuse, et on n’y trouve d’ailleurs aucun trait original qui puisse assigner rang à leur auteur parmi les vrais poètes. […] Pibrac, avocat du roi, éloigné de Paris en 1567, et abrité en lieu sûr, lui fait demander s’il doit revenir à Paris et s’exposer aux hasards d’un voyage. […] À peine investi par la confiance de Henri III de la charge d’avocat général du roi en la Cour des comptes, il en usa pour s’opposer à certain enregistrement d’édit qu’il croyait inique ; et, comme il arriva qu’une grande princesse qu’il vit peu après lui fit part du mécontentement du roi, si bien disposé pour lui auparavant, Pasquier répondit, en se ressouvenant de son ancienne courtoisie galante et de sa poésie de jeunesse pour corriger la sévérité de son procédé, que ce n’étaient là que brouilleries et querelles d’amant et maîtresse ; que « l’issue de ceci serait telle que d’un amoureux, lequel, ayant été éconduit par sa dame, s’en va infiniment mal content, mais qui, revenant peu après à soi, l’aime, respecte et honore davantage » ; et qu’ainsi le roi l’en regarderait bientôt de meilleur œil que devant. — C’est dans ce haut esprit de dévouement que Pasquier ne craignit pas de s’opposer à Henri IV lui-même pour l’enregistrement d’un édit qui allait à démembrer la Cour des comptes, et cela pendant le séjour du Parlement à Tours, c’est-à-dire pendant que les magistrats loyaux partageaient les fortunes diverses du Béarnais et son exil de Paris.
Moi-même j’ai vu une seule fois Courier, et c’était environ trois semaines, si je ne me trompe, avant sa mort : il était à Paris, d’où il partait le lendemain, on l’avait invité à une soirée des rédacteurs du Globe ; il y vint ; on l’entourait, on l’écoutait. […] À quinze ans, on le trouve à Paris, prenant de M. […] Et encore, sur Plutarque toujours, car il faut citer et peser ces paradoxes de Courier, qui sont désormais en circulation : Je corrige un Plutarque qu’on imprime à Paris (août 1809). […] Il s’ensuivit des plaintes dans les journaux du lieu, des brochures ; l’orage grossit ; on se parlait de ce pâté à l’oreille, de Rome à Paris, dans ce grand silence, un moment pacifique, de l’Empire ; et Courier jugea à propos de répondre par une Lettre publique (1810) adressée à M. […] [NdA] La colonne Trajane elle-même l’avait échappé belle ; on avait songé à l’enlever et à la transporter à Paris.