Comme la plupart des esprits troublés de notre temps, ils ont pris Paris pour la France, et, au lieu de nous donner l’histoire de la société française pendant la Révolution, ils nous ont donné l’histoire de la société parisienne. […] qui ont commencé de populariser cette idée, dont tant d’esprits sont férus encore, que Paris, au point de vue politique aussi bien qu’au point de vue de l’esprit, des mœurs, du langage, des manières, est toute la France ! C’est une poignée de philosophes sans patrie qui ont achevé dans l’opinion l’œuvre commencée par Louis XIV contre cette société qui n’est ni de Paris, ni de Versailles, et qui existait bien avant que Versailles fût bâti et que Paris lui succédât dans l’ardente et injuste préoccupation publique ! […] C’est ici que viennent se marquer plus distinctement que jamais toutes les conséquences du système qui voit dans Paris le type de la France, lorsque l’histoire tout entière atteste au contraire qu’il en est plutôt la contradiction ! […] analyser Paris, analyser la province, montrer ce que l’un et l’autre et ce que tous les deux sont à la société française dont on lit l’histoire, voilà ce à quoi un écrivain sérieux était obligé.
C’est au point qu’on pourrait diviser tous ses récits ou tableaux, depuis ses Lettres de mon moulin jusqu’à son premier grand roman, en cinq ou six groupes qui porteraient les noms des pays ou des milieux qu’il a le mieux connus et où il a fait ses plus longs séjours : Nîmes et la Provence, l’Algérie et la Corse, Paris enfin, Paris bohème, Paris populaire, Paris mondain, Paris interlope, Paris pendant le siège. […] Alphonse Daudet avance dans son oeuvre, Paris, c’est-à-dire la modernité, l’attire davantage : d’abord le Paris tragique, touchant ou grotesque du siège ; puis le Paris de tous les jours et tous les étages de Paris, du haut en bas (Voyez Mœurs parisiennes et les Femmes d’artistes). […] De la Provence, de la Corse, de l’Algérie et des mondes divers dont se compose Paris, M. […] « Une lettre, père Azan Oui, monsieur… ; ça vient de Paris. Il était tout fier que ça vînt de Paris, ce brave père Azan. » Puis c’est la place d’Eyguières à deux heures de l’après-midi, la maison des vieux, le corridor… « Alors saint Irénée s’écria : Je suis le froment du Seigneur.