On conçoit comment il put louer Stilicon, qui n’était pas à la vérité un citoyen, mais qui était à la fois et un ministre et un général ; mais Honorius, qui toute sa vie fut, comme son frère, un enfant sur le trône ; qui, mené par les événements, n’en dirigea jamais aucun ; qui ne sut ni ordonner, ni prévoir, ni exécuter, ni comprendre ; empereur qui n’avait pas même assez d’esprit pour être un bon esclave ; qui, ayant le besoin d’obéir, n’eut pas même le mérite de choisir ses maîtres ; à qui on donnait un favori, à qui on l’ôtait, à qui on le rendait ; incapable d’avoir une fois du courage, même par orgueil ; qui, dans la guerre et au milieu des périls, ne savait que s’agiter, prêter l’oreille, fuir, revenir pour fuir encore, négocier de loin sa honte avec ses ennemis, et leur donner de l’argent ou des dignités au lieu de combattre ; Honorius, qui, vingt-huit ans sur le trône, fut pendant vingt-huit ans près d’en tomber ; qui eut de son vivant six successeurs, et ne fut jamais sauvé que par le hasard, ou la pitié, ou le mépris ; il est assez difficile de concevoir comment un homme qui a du génie, peut se donner la peine de faire deux mille vers en l’honneur d’un pareil prince.
Archer comme pour moi, c’est que, dans le mélodrame, les événements sortent accidentellement des événements, et dépendent soit du traître arrivant en retard, soit du justicier arrivant à temps, tandis que, dans la tragédie, les événements sortent logiquement des caractères. […] On n’écrivait ses mémoires que quand on avait été mêlé à des événements historiques. […] À la vérité, je lis dans quelques historiens littéraires que les premières représentations de la Maréchale d’Ancre furent interrompues par les événements de 1830. […] Il n’est pas difficile de voir, du reste, rien qu’à lire la pièce elle-même, que La Maréchale d’Ancre a été écrite après « les événements de 1830 ». […] Les événements tournent contre elle.