Qu’un spectacle inaccoutumé de la nature ou quelque événement soudain ébranle et trouble ma pensée, aussitôt, par je ne sais quelle évocation secrète, qui se fait en moi comme à mon insu, il me semble voir à mes côtés deux figures immortelles, deux génies lumineux, dont la seule présence fait rentrer en moi la paix, et en qui je vois toute chose se réfléchir, s’ordonner, s’éclairer, comme en un miroir magique. […] Dans le Journal de Matteo Spinelli, le latin, le provençal, le sicilien, se confondent encore ; mais les Histoires florentines des deux Malaspini (tirées en grande partie de ces registres nommés Ricordanze où les chefs de maisons patriciennes se transmettaient de père en fils, selon l’usage du patriciat romain, les événements dont se composait la tradition domestique) et la chronique piquante de Villani sont des œuvres italiennes. […] Mais s’il nous importe assez peu de connaître avec détail, selon un ordre chronologique, d’ailleurs très-contesté, les faits dont se compose la carrière extérieure de Dante, il convient de nous arrêter à l’événement qui imprime à l’ensemble de sa vie un caractère religieux ; à ce profond et douloureux ébranlement de son âme d’où devait sortir un jour la Comédie, que ses contemporains, et après eux la postérité, ont déclaré divine : il nous faut rappeler la mort de Béatrice. […] À peu de temps de là, une grande nouvelle, un événement inattendu, rallument dans son cœur, comme une flamme subite, l’espoir de rentrer triomphant dans sa patrie. […] — Fausse cosmogonie, sur la foi d’un Aristote latin altéré par les Arabes, christianisé par Albert le Grand et saint Thomas. — Fausse histoire envahie par la légende, écrite en vue de l’édification bien plus que de la vérité, et qui tourne les événements à la démonstration perpétuelle des justes jugements de Dieu. — Fausse histoire naturelle tirée des Bestiaires. — Fausse mathématique qui cherche la quadrature du cercle. — Fausse antiquité où l’on entrevoit à peine Homère, où l’on ne sait de Virgile que ce qu’en donnent des manuscrits et des traductions pleines d’erreurs. — Fausse morale, enfin, à la fois astrologique et théologique, qui croit à l’influence des planètes sur les passions de l’homme, et qui ne repose que sur la crainte servile d’un maître jaloux.
Mazel pour la simplification explique aussi son goût pour le théâtre, conçu tel qu’une refonte des grands événements ou des grandes périodes historiques. […] Historiens, appliquant aux événements d’hier la méthode documentaire d’Augustin Thierry, ils restituèrent, en place d’une vision de parade un xviiie siècle vivant et sincère, rajeuni par la typique anecdote, éclairé par le sourire des femmes, expliqué par le costume, par le billet, par l’estampe, par le cri de la rue, par l’épigramme, par le mot. Cette sorte d’histoire n’est pas toute l’histoire, mais c’est peut-être la seule qui puisse intéresser désormais des esprits devenus sceptiques par trop de lectures et plus curieux de comprendre les différences que de ramener à l’unité la diversité des événements.