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509. (1913) Le bovarysme « Troisième partie : Le Bovarysme, loi de l’évolution — Chapitre I. Le Bovarysme de l’individu et des collectivités »

Il suffit, pour accomplir cette œuvre de réhabilitation, de confesser le vice inhérent à la composition de cette étude. […] On a dit, dans la première partie de cette étude, l’importance considérable de la notionpar où les bénéfices que réalise l’effort individuel et qui ne profitent guère chez les autres animaux qu’à l’individu, sont transmis par l’homme à ses descendants, que ce legs dispense de recommencer le labeur des ancêtres. […] C’est sous le jour de cette idée qu’il a été considéré naguère, et qu’on en a fait l’application à un cas de littérature, en une étude consacrée aux Goncourt et à l’idée d’art16. […] Aussi importe-t-il de confesser ici que si l’on a pu montrer, dans la première partie de cette étude les quelques déviations subies, du fait de ce formidable phénomène de suggestion, par quelques activités originales, on ne saurait mettre ce dommage en ligne de compte avec l’extraordinaire enrichissement qui fut réalisé par la Renaissance au bénéfice de l’humanité tout entière Si le pouvoir de se concevoir autre, de s’appliquer les bienfaits de notions et d’une culture que l’on n’a pas soi-même inventées, s’exerce en cette circonstance au détriment de quelques variétés humaines particulières, il faut proclamer qu’il se montre ici, avant tout, le moyen même du phénomène humain, sans lequel ces variétés n’existeraient point.

510. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

C’est en aborder l’étude en prenant pour principe qu’on ignore absolument ce qu’ils sont, et que leurs propriétés caractéristiques, comme les causes inconnues dont elles dépendent, ne peuvent être découvertes par l’introspection même la plus attentive. […] C’est même là un problème qui ressortit plutôt à la philosophie générale et à la logique abstraite qu’à l’étude scientifique des faits sociaux5. […] Pour qu’on puisse les utiliser, il faut que l’étude des faits sociaux ait été déjà poussée assez loin et, par suite, qu’on ait découvert quelque autre moyen préalable de les reconnaître là où ils sont. […] Cette science, en effet, ne pouvait naître que le jour où l’on eut pressenti que les phénomènes sociaux, pour n’être pas matériels, ne laissent pas d’être des choses réelles qui comportent l’étude.

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