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996. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Si une voile dérive par un jour serein du port, on pense aux rivages lointains et inconnus où cette voile ira aborder, après avoir traversé pendant des jours sans nombre ce désert des lames ; ces terres étrangères se lèvent dans l’imagination avec les mystères de climat, de nature, de végétation, d’hommes sauvages ou civilisés qui les habitent ; on s’y figure une autre terre, d’autres soleils, d’autres hommes, d’autres destinées. — Émotion ! […] Il faut au poète dramatique, pour émouvoir de toute sa puissance le cœur humain, un théâtre, une scène, des décorations, des musiciens, des peintres, des acteurs, des costumes, des gestes, des paroles, des larmes feintes, des déclamations, des cris simulés, du sang imaginaire, mille moyens étrangers à la poésie elle-même. […] Nala, dans les loisirs de la paix qui l’ont ramené à la cour de son père, entend vanter sans cesse, par tous les étrangers qui traversent sa capitale, la merveilleuse beauté et les vertus pieuses de la jeune Damayanti, fille unique du roi d’un royaume voisin ; son imagination allume son cœur ; il brûle de voir et de posséder pour épouse Damayanti.

997. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre premier. Le Moyen Âge (842-1498) » pp. 1-39

Rien, par la suite, ne servira davantage à étendre dans le monde entier la popularité de la littérature et de la langue françaises ; et au fait, n’est-ce pas ce que les étrangers aiment de notre « parlure » quand ils l’appellent, dès le xiiie  siècle, la plus « délittable qui soit » ? […] Comment leur origine explique leur succès par leur nouveauté. — Longue influence des Romans de la Table-Ronde ; — leur diffusion à l’étranger ; — la compilation de Rusticien de Pise, 1270 ; — traductions, continuations, imitations italiennes, allemandes, néerlandaises, anglaises, espagnoles et portugaises. — Le Parsifal de Wolfram d’Eschenbach, et Tristan et Iseult de Gottfried de Strasbourg. — Pénétration réciproque du Cycle d’Arthur et du Cycle de la Croisade. — On met en prose les plus anciens Romans de la Table-Ronde ; — on en compose directement en prose, tels que Merlin, le Grand Saint Graal, etc. ; — ils deviennent sous cette nouvelle forme les sources d’inspiration des Amadis ; — et rattachent ainsi, par eux, le « roman » moderne et la littérature classique à la littérature et au roman du Moyen Âge. […] Succès prodigieux du Roman de la Rose ; — et que Jean de Meung, après Crestien de Troyes, est un des rares écrivains du Moyen Âge dont on puisse dire que l’œuvre ait fait époque. — Attaques de Gerson ; — et de Christine de Pisan ; — témoignage de Pétrarque ; — « Puisque vous désirez un ouvrage étranger en langue vulgaire, écrit-il à Guy de Gonzague de Mantoue, je ne puis rien vous offrir de mieux que celui-ci [le Roman de la Rose], à moins que toute la France et Paris en tête ne se trompent sur son mérite. » — Nombreuses copies du poème ; — et, dès la première invention de l’imprimerie, nombreuses éditions du livre.

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