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888. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Un autre peintre qui n’est ni sobre ni élégant, qui est souvent barbouilleur, mais qui rencontre parfois des mots qui touchent au vif, le marquis d’Argenson, après avoir parlé du manque de génie et de vigueur de nos officiers petits-maîtres à cette date, a dit : « C’est donc le besoin des affaires qui nous a réduits à nous servir d’étrangers : les Allemands et ceux du Nord ont mieux conservé aujourd’hui le véritable esprit de la guerre ; nous tirons de leurs pays des hommes et des chevaux (c’est poli) plus robustes et plus nerveux que les nôtres. […] Je n’en suis point étonné ; mais les Français le sont toujours, quelque esprit qu’ils aient, quand ils voient des étrangers qui ont le sens commun : c’est un petit défaut qu’il faut leur passer ; réellement il est enchanté de vous… » Ce n’était donc pas seulement un serviteur utile que la France s’était procuré en se l’attachant, c’était un témoin qu’elle s’était donné, un juge non malveillant, mais non pas séduit, et qui usait de son droit d’examen sans en demander la permission.

889. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Déjà un essai tout grammatical sur ce point de la syntaxe vient d’être fait par un étranger, un savant de Stockholm, M. le professeur Lidforss, sous ce titre, qui, bien que régulier à la rigueur, ne laisse pas de paraître un peu bizarre : Observations sur l’usage syntaxique de Ronsard et de ses contemporains (1865). Mais, quelque estime que nous ayons pour les savants étrangers qui s’occupent de nous à ce degré et qui veulent bien entrer dans notre inventaire domestique, quelque reconnaissance que nous leur devions, c’est toujours pour nous une impression singulière de nous voir ainsi établis par eux sur une table de dissection, comme une nature morte, comme une langue morte.

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