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599. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Jeudi 21 juin Toutes les fois, que je dîne chez un restaurateur du boulevard, sur les huit heures, je vois arriver, porté sur ses béquilles, un jeune étranger, dont la colonne vertébrale, molle comme celle d’un ver à soie, forme un S. […] Et tous deux se plongent, avant de manger, dans la lecture d’imprimés immenses, où les raccourcis de la face pâle de la femme, où les raccourcis de la tête de bossu méchant du jeune homme, prennent, sous le gaz, l’aspect effrayant d’un ménage de larves, vivant de correspondances étrangères. […] Samedi 29 décembre Le maréchal disait, il y a un mois, à de Béhaine : « C’est affreux… c’est affreux… je n’en serais pas là, si je n’avais pas craint la guerre étrangère. » 3.

600. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Il faut même leur rendre cette justice qu’ils poussent le scrupule jusqu’à ne pas mêler, d’ordinaire, à leur drame, un personnage étranger. […] Quelle figure incomplète nous donnerions à ces étrangers ; comme ils resteraient imaginaires ; comme il nous serait impossible d’être vrais ou seulement équitables ! Nous avons déjà tant de peine à rendre l’aspect extérieur d’une terre étrangère, à comprendre à moitié les usages de ses habitants, leurs plaisirs, leur politesse et le goût particulier qu’ils trouvent à la vie !

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