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1080. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxve entretien. Histoire d’un conscrit de 1813. Par Erckmann Chatrian »

Songe à tes parents, à tous ceux pour lesquels tu donnerais ta vie, et traite humainement les étrangers, afin qu’ils agissent de même à l’égard des nôtres. […] Tu n’oublieras jamais leurs bons conseils. » Le Grand Furst et Zébédé avaient aussi leur billet pour la Capougner Strasse ; nous partîmes, encore bien heureux de boiter et de traîner la semelle ensemble dans cette ville étrangère. […] Goulden, qui n’était pas trop content de voir revenir les anciens rois et les anciens nobles, pensait pourtant que ces gens avaient assez souffert dans les pays étrangers, pour comprendre qu’ils n’étaient pas seuls au monde et respecter nos droits ; il pensait aussi que l’empereur Napoléon aurait le bon sens de se tenir tranquille… mais il se trompait : — les Bourbons étaient revenus avec leurs vieilles idées, et l’empereur n’attendait que le moment de prendre sa revanche.

1081. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Rapports de la population avec les gouvernements, les lois et la religion ; constitution économique du commerce ; proportion des peines aux délits ; réduction de toutes les lois françaises en un code unique ; la liberté, pour attirer les étrangers par l’opulence qui la suit toujours ; l’égalité, pour porter l’abondance et la vie dans tout le corps politique ; la tolérance religieuse, pour assurer l’autorité du prince et la stabilité de l’Etat : voilà quelques-unes des nouveautés que Montesquieu proclame avec l’air de n’y penser que par plaisir, répandant à la fois les doutes, les vœux de réforme, les critiques déguisées du temps présent, tout, excepté des craintes sur le prix dont la France devait payer un jour ces conquêtes. […] Il a de notre pays, avec ses qualités aimables, certains défauts dont nous ne sommes guère moins fiers que de ces qualités ; entre autres, la vanité, dont les étrangers nous accusent presque d’un ton d’envie, à cause des grâces qui la tempèrent. […] Nous sommes par tant de côtés étrangers aux sujets de l’éloquence antique, qu’à moins de nous rendre l’orateur présent par la connaissance de sa langue, de nous placer sous son souffle, le plus médiocre livre qui nous parle de notre temps nous intéressera plus que les harangues de Démosthène et de Cicéron.

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