C’est dans l’état de stupidité farouche où se trouvèrent les premiers hommes, que tous les philosophes et les philologues devaient prendre leur point de départ pour raisonner sur la sagesse des Gentils. […] De quelque état de barbarie et de férocité que partent les hommes pour se civiliser par l’influence des religions, les sociétés commencent, se développent et finissent d’après des lois que nous examinerons dans ce second livre, et que nous retrouverons au livre IV où nous suivons la marche des sociétés, et au livre V où nous observons le retour des choses humaines. […] Je veux dire qu’ils supposent d’abord un état de civilisation où les hommes seraient déjà éclairés par une raison développée, état dans lequel les nations ont produit les philosophes qui se sont élevés jusqu’à l’idéal de la justice.
Les lois de la nature seront celles qu’il recevrait dans un état pareil. […] « Sitôt que les hommes sont en société, ils perdent le sentiment de leur faiblesse ; l’égalité qui était entre eux cesse, et l’état de guerre commence. « Chaque société particulière vient à sentir sa force, ce qui produit un état de guerre de nation à nation. […] « Ces deux sortes d’états de guerre font établir les lois parmi les hommes. […] La réunion de toutes les forces particulières, dit très-bien Gravina, forme ce que l’on appelle l’état politique.