Malgré toutes les fautes commises à l’armée de Perpignan et l’impéritie des chefs qui se succédaient, Ricardos, le général en chef espagnol, fit, vers cette époque, un mouvement général en arrière ; l’armée victorieuse (chose étrange !) […] C’étaient, on commençait à le reconnaître, les intrépides soldats d’une Révolution qui allait changer la face du monde… Il y avait un an, à pareille époque, que le roi de Prusse repliait vers le Rhin une armée qui sortait formidable encore des plaines de la Champagne.
Le défaut de force dans les membres, l’impossibilité de dire : « Je vivrai dans toutes les situations où un homme peut vivre ; » cet assujettissement joint à l’immense difficulté de soutenir une femme, des enfants, sans revenus fixes, sans autres moyens que des débris à recueillir à des époques inconnues, sans état (même très-longtemps sans papiers et sans droits de citoyen), sans dettes, sans aucune intrigue, surtout aussi avec le sort contre soi, avec ce qu’on appelle du malheur (excepté la faveur marquée du sort en 1798 et en quelques autres circonstances rares), tout cela a rendu ma vie morale laborieuse et triste. […] Mon mariage n’eût pas eu lieu ; et même à toute époque j’eusse pu changer les choses.