Je reconnus immédiatement Arthur Meyer, car l’image avait déjà popularisé ses traits, et d’ailleurs l’émotion qui m’agita soudain ne pouvait me laisser aucun doute. […] L’un est trop surexcité par la presse, porté avec trop de précipitation de spectacle en spectacle, d’émotion en émotion, pour avoir le loisir d’un jugement littéraire désintéressé et indépendant. […] Sous l’influence de son éducation, de ses traditions, le public français cultivé réclame à la littérature des émotions à la fois délicates et profondes ; il les lui réclame sous une forme dépourvue de grossièreté et de pédantisme également, ou alors, l’excellent reportage des journaux et le cinématographe lui suffisent. […] Mais elle aime mieux ça que de rentrer à l’atelier ; et, auprès de ses anciennes camarades, quand elle va les revoir, elle se vante des émotions de la vie de théâtre et de la gloire de la rampe.
Le comique, disions-nous, s’adresse à l’intelligence pure ; le rire est incompatible avec l’émotion. […] En général, un sentiment intense gagne de proche en proche tous les autres états d’âme et les teint de la coloration qui lui est propre : si l’on nous fait assister alors à cette imprégnation graduelle, nous finissons peu à peu par nous imprégner nous-mêmes d’une émotion correspondante. On pourrait dire — pour recourir à une autre image — qu’une émotion est dramatique, communicative, quand tous les harmoniques y sont donnés avec la note fondamentale. […] Au contraire, dans l’émotion qui nous laisse indifférents et qui deviendra comique, il y a une raideur qui l’empêche d’entrer en relation avec le reste de l’âme où elle siège. […] Le rire, nous le savons, est incompatible avec l’émotion.