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432. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Au commencement, Goethe avait respiré, comme toute l’Allemagne, avec quelque ivresse les idées démocratiques de la France ; il se flattait que la raison, triomphant du même coup de la monarchie absolue, de l’Église dominante et de la féodalité arriérée, allait créer un exemplaire d’institutions et de gouvernement qui servirait de modèle au monde moderne. […] Elle aborde en tremblant et en rougissant le majestueux vieillard ; Goethe, frappé de son innocence et de ses charmes, éprouva pour elle ce que Faust avait éprouvé à l’aspect de Marguerite sur les marches de l’église ; il voulut non séduire, mais plaire. […] La couronne virginale se marie avec grâce aux cheveux de la fiancée quand les cloches argentines de l’église invitent aux fêtes nuptiales. […] « Dans la tour de l’église retentissent les sons de la cloche, les sons lugubres qui accompagnent le chant du tombeau, qui annoncent le passage du voyageur que l’on conduit à son dernier asile. […] Quand je voyais le peuple se rendre en foule à l’église, quand j’entendais les membres d’une nombreuse communion de croyants confondre leurs voix dans une même prière : Oui, me disais-je, elle est divine cette loi que les meilleurs des hommes professent, qui dompte l’esprit et console le cœur.

433. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

En peu de jours j’étais déjà assez familier avec les quais de l’Arno, les avenues des Cacines, les galeries, les églises, les palais fameux, pour n’avoir plus besoin de guide. […] J’entrai un matin dans la fameuse église de Santa Croce, sorte de Campo Santo ou de cimetière monumental de Florence, Westminster des Toscans. Il était midi ; le soleil brûlait la poussière de la place nue et déserte qui précède cette église sans façade. […] L’église était aussi complétement déserte que la place ; on n’y voyait que les ombres des piliers s’allongeant immobiles et noires sur les dalles ; on n’y entendait que ce bruit répercuté des pas des voyageurs errant sous les voûtes, bruit qui fait seul souvenir qu’on existe dans ces grandes catacombes de la prière et de la mort. […] XXVI Un monument plus élevé et plus vaste que les autres attirait depuis quelques instants mes regards à droite vers le centre de l’église.

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